Une dizaine de jours après Médecins du Monde, c’est au tour de la Fédération Addiction de faire connaître ses doléances concernant la future loi de santé.
La Fédération Addiction souhaite ainsi une accentuation des efforts portés sur la prévention des conduites addictives. « La prévention est actuellement une mission facultative » des centres de soins d’accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA),« financée de façon aléatoire et sur appel à projets. Nous proposons qu’elle soit reconnue en tant que mission obligatoire au même titre que les autres missions ». Les auteurs estime que cette demande de financement pérenne est en cohérence avec les préconisations du rapport Cordier qui préconise le rassemblement des financements des politiques publiques de prévention.
La fédération addiction demande aussi que la politique de réduction des risques inscrite dans la loi de santé de 2004, et réaffirmée dans celle de 2015, bénéficie d’une portée élargie à l’ensemble des modes de consommation et aux différents produits : illicites, licites et sans substances.
La salle de consommation mobile de Bordeaux en bonne voie
Inscrits dans l’article 9 de la loi de santé, les projets de salles de consommation à moindre risque continuent de se mettre en place, s’est félicitée la Fédération Addiction. Ainsi, le maire de Bordeaux Alain Juppé a confirmé sa volonté d’ouvrir un tel lieu dans sa ville. Alain Juppé s’est exprimé sur le sujet la semaine dernière à l’issue d’une réunion du conseil municipal qui a abouti à un relatif consensus autour du projet de salle de consommation mobile porté par le comité d’étude et d’information sur la drogue et les addictions (CEID), déjà responsable de deux centres d’accueil et d’accompagnement à la réduction (CARRUD) bordelais.
« Le projet de salle de consommation mobile correspond à la réalité du terrain, explique le Pr Jean Michel Delile, directeur du CEID, il n’existe pas de zone clairement identifiée à Bordeaux où se pratique une consommation de drogue. Un dispositif mobile analogue à ceux qui existent à Berlin, est donc pertinent. » La salle de consommation mobile se présentera sous la forme d’un camion suivant les populations ciblées de site en site, principalement dans lieux abandonnés et des squats. Deux personnes assureront une permanence dans ce dispositif, qui mobilisera quatre équivalents temps plein auquel s’ajoutera un mi-temps médical.
Concernant le financement des salles de consommation, la loi de santé devrait leur assurer des budgets nationaux qui transiteront par les agences régionales de santé (ARS). « Nous avons rencontré le directeur de l’ARS aquitaine il y a un mois sur ce sujet, mais lui-même n’a pas encore d’informations sur la manière dont ce financement va se dérouler », précise toutefois le Pr Jean Michel Delile.
À Paris, le lieu est toujours en discussion
À Paris, le projet de salle de consommation à moindre risque porté par l’association Gaïa est également en bonne voie selon le Dr Jean-François Corty, directeur des missions France de l’ONG Médecin du Monde. S’il a longtemps été question d’une installation au 39 boulevard de la Chapelle, le site d’implantation est plus incertain. « Il y a des discussions en cours pour trouver le bon bâtiment, explique le Dr Jean-François Corty, mais il y a des bonnes pistes. Il faut que ce soit un dispositif à proximité des usagers, suffisamment spacieux pour déployer un espace de consommation médicale et une consultation sociale. »
Le projet peut néanmoins compter sur l’appui du maire de Paris Anne Hidalgo et du maire PS du 10e arrondissement, Rémi Féraud. En dehors de Paris et Bordeaux, les villes de Marseille et de Strasbourg font également l’objet de projets de salles de consommations à moindre risque.
Damien Coulomb