Le niveau 2 du plan Grand Froid a été déclenché vendredi par le préfet du Pas-de-Calais nécessitant l’ouverture d’un hangar, rue Clément-Ader, pour y héberger les migrants. Pour cette première nuit, l’association Solid’R, qui gère le lieu sur mandat de l’État, a reçu quarante-quatre hommes et une femme, la plupart soudanais.
Présenté par l’État comme un lieu qui peut accueillir 1 500 migrants, le hangar de 4 000 m², rue Clément-Ader, n’est utilisable que sur 500 m² parce qu’une partie du bâtiment est exposée aux courants d’air et aux fuites d’eau. Une quarantaine de migrants s’y sont rendus pour y passer la nuit de vendredi à ce samedi.
« Vendredi, il y avait des gens malades que le Secours Catholique nous a amenés, raconte David Lacour, président de Solid’R. Des gens installés sur les lieux de vie (camp Tioxide, squat Vandamme) ont eu du mal à venir de peur que leurs places ou leurs tentes soient volées. » Fort de son expérience de gestion du plan Grand Froid à Calais, David Lacour rappelle qu’il y a toujours peu de monde les premières nuits. « Nous avons appris l’ouverture du hangar vers 12 h. Nous avons conçu des prospectus, traduits en arabe et en anglais, que nous avons délivrés dans les camps. Ils expliquaient les conditions d’accueil du hangar, que ce n’est pas un cinq-étoiles. D’ailleurs des gens y sont passés avant de repartir. »
Solid’R n’a pas pu se rendre à la distribution des repas pour y informer les migrants. « Nous avons reçu un mail pour nous alerter vers 17 h 30. Mais la distribution s’est faite entre 16 h et 17 h 30. C’est dommage, nous n’avons pas pu prévenir les migrants d’autant qu’une dizaine de Syriens, des nouveaux, sont venus nous demander des couvertures et des tentes », regrette Christian Salomé, de l’Auberge des migrants.
Ouvert jusqu’à lundi
« Si on veut prévenir les gens, c’est au moment du repas que cela doit se faire », souligne, pour sa part, Martine Devries, représentante de Médecins du Monde à Calais. Elle s’inquiète aussi sur le hangar choisi : « Le reste du hangar n’est pas utilisable en l’état. Que fait-on s’il y a 600 personnes ? Ils se battent pour occuper les 500 m² disponibles ? Il a fallu installer l’électricité (20 000 €), l’État finance mais sur quels fonds ? Qu’est-ce qu’on ne fait pas avec cet argent ? Des maisons de migrants, des mises à l’abri à l’année. Et les cinq toilettes de chantier ? Quand on en a utilisé (pour le squat Vandamme), ça nous a coûté 300 € par jour. Le prix est gigantesque pour un lieu non adapté ! » Elle ajoute que le hangar est excentré et qu’il n’y a pas d’eau.
Le hangar reste ouvert (de 18 h 30 à 9 h) jusqu’à lundi.