A situation exceptionnelle, décision exceptionnelle. Face à la crise des réfugiés qui prend un tour de plus en plus dramatique, la Commission européenne a décidé de dégager 700 millions d’euros d’aide humanitaire. Une tranche de 300 millions sera libérée dès cette année. Cette aide destinée généralement aux pays pauvres, d’Afrique essentiellement, sera cette fois dédiée à des Etats membres de l’Union européenne. Et en particulier à la Grèce qui est actuellement en grande difficulté.
Cet argent servira à augmenter les capacités d’accueil des réfugiés, à leur fournir de la nourriture, des médicaments, des services d’éducation et de protection. Cette aide sera fournie en étroite collaboration avec les Etats membres et les ONG présentes sur le terrain. Pierre Verbeeren est directeur de Médecins du Monde. Son association est active en Grèce. Sa première réaction est prudemment positive. « C’est toujours une bonne nouvelle de voir des mécanismes de solidarité qui se créent entre les Etats membres de l’Union européenne. » Mais très vite, il relativise. « 300 millions d’euros pour cette année-ci, c’est assez précisément le même budget que celui de l’agence belge pour l’accueil des demandeurs d’asile. Ça vous donne une comparaison des montants, on a ainsi une idée des montants qui sont dégagés pour l’ensemble de la problématique des réfugiés en Europe, essentiellement pour la Grèce. »
De l’avis même de la Commission européenne, « C’est là que nous avons la crise humanitaire la plus grave. » Athènes doit faire face à un double problème : dans le sud du pays, les réfugiés arrivent encore en nombre de Turquie alors qu’au nord, les pays situés sur la route des Balkans ferment leurs frontières les uns après les autres. Résultat, avec plus de 20 000 réfugiés sur son sol, dont la moitié bloqués à la frontière avec la Macédoine, la Grèce est totalement débordée.
Une aide qui ne répond qu’à l’urgence
Mais pour Pierre Verbeeren, de Médecins du Monde, ce plan d’aide humanitaire ne répond qu’à l’urgence. Les Européens doivent s’accorder sur des réponses globales. « On ne solutionnera pas la crise des réfugiés avec des tentes dans des champs de boue pendant l’hiver, l’été, etc. Distribuer de l’eau ou des bottes à des personnes qui sont en train de fuir des situations dramatiques ne constituent pas une solution. Ce qui est important aujourd’hui, c’est de voir comment on crée de l’emploi pour les Européens et pour les réfugiés, comment on crée du logement pour les Européens et les réfugiés et qu’on rentre dans des solutions de système et qu’on essaye le plus rapidement possible de sortir des solutions humanitaires. »
En attendant, la Commission européenne débloquera 700 millions d’euros d’aide humanitaire sur 3 ans. Une tranche de 300 millions sera libérée dès cette année, dès que les Etats membres et le Parlement européen auront donné leur feu vert. Ce qui devrait être fait rapidement.
Cette aide humanitaire d’urgence s’ajoute à d’autres fonds européens destinées aux Etats membres confrontés à la crise des réfugiés. Mais elle ne répond qu’à l’urgence. Pour la Commission, toute solution durable à la crise des réfugiés passera nécessairement par une solution à 28. Pour l’heure, on en est loin.
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