Sensibiliser la population au sort des migrants : voilà l’objectif de l’opération Jungle Tour, dont la quatrième édition est passée, hier, sur la digue de Malo, à Dunkerque. L’occasion de faire le point avec Cécile Bossy, coordinatrice du projet migrants chez Médecins du monde pour la région Nord – Pas-de-Calais, sur les conditions de vie dans les jungles de la région, dont celles de Téteghem et de Grande-Synthe.
Indigne, inhumain, non respect des droits fondamentaux, etc. : tant chez Médecins du monde que chez Amnesty International et les nombreuses associations qui œuvrent pour venir en aide aux migrants, ces expressions sont malheureusement récurrentes. Pour dénoncer une situation qu’ils jugent « toujours aussi intolérable », malgré quelques avancées obtenues en 2012, ces militants acharnés des droits de l’homme organisent chaque année un Jungle Tour. « Outre le fait de sensibiliser et d’échanger avec la population, cette opération vise à réunir toutes les associations qui viennent en aide aux migrants. Cela leur permet de faire connaissance et d’échanger sur leur façon de travailler et sur les difficultés rencontrées sur le terrain », résume Cécile Bossy.
Rendus invisibles par une « politique de répression continue et particulièrement forte à Calais », dixit Médecins du monde, les migrants n’ont pas disparu mais se sont éparpillés dans toute la région. « La situation est très difficile à gérer car ces personnes sont parfois laissées sans rien, c’est-à-dire sans eau, sans chauffage ni électricité, déplore Cécile Bossy. Face à cette situation, nous continuons à réclamer deux choses : d’abord, que cessent les expulsions des lieux de vie sans solution alternative d’hébergement ; ensuite, que les droits fondamentaux des personnes soient respectés, notamment en termes d’hébergement, d’hygiène et d’accès aux soins, tant pour les demandeurs d’asile que pour les personnes en transit dans le Nord – Pas-de-Calais », insiste Cécile Bossy.
Partenariat avec la CUD
Quid des jungles de Téteghem et de Grande-Synthe, où environ une centaine de migrants (une cinquantaine dans chaque camp) cohabitent aujourd’hui ? Sur ce point, la coordinatrice du projet migrants se félicite du projet soutenu par la communauté urbaine de Dunkerque (CUD) depuis l’année dernière. « Nous avons pu installer des abris temporaires de 10 m2, mais leur nombre demeure insuffisant. Grâce à eux, la moitié des populations dans chaque camp ne dort plus dehors, mais l’autre, si », illustre-t-elle. Pour le reste, un robinet a été installé à Grande-Synthe, et à Téteghem, l’eau est stockée dans une citerne, « mais la qualité n’est pas forcément toujours bonne », nuance Cécile Bossy, qui ajoute que l’aide la plus importante reste celle apportée par des bénévoles anonymes et par les associations. « Ce que nous souhaitons aujourd’hui, c’est que leur travail soit repris par les élus locaux. »
Ainsi, malgré les progrès effectivement constatés, Médecins du monde et ses partenaires insistent sur la nécessité d’aller encore plus loin dans la qualité de l’accueil des migrants. « En résumé, c’est bien mais peut mieux faire, et tous les progrès constatés, entre autres, à Grande-Synthe et à Téteghem doivent être repris dans les autres jungles, de Saint-Omer à Norrent-Fontes, en passant par Steenvorde, Angres et Tatinghem. »