Dans une tribune publiée vendredi dernier sur le site du Monde.fr, deux responsables de Médecins du Monde, Philippe Rodier, délégué régional à Marseille et Cendrine Labaume, coordinatrice générale dénoncent les difficultés d’accès à l’eau pour les personnes en difficulté. Dans le texte intitulé, « L’eau, un droit accordé au compte-gouttes », ils dénoncent une situation qu’ils estiment intolérable : « Dans cette ville, il n’y a ni toilettes publiques, ni bains douches, et les fontaines, quand elles ne sont pas cassées, se comptent sur les doigts de la main et plutôt dans les quartiers privilégiés que dans les quartiers pauvres ». Faute d’accès à l’eau potable, certaines maladies ont ainsi refait surface : hépatite A, impétigo, saturnisme.
A leurs yeux, l’immobilisme marseillais en la matière relève d’une véritable volonté politique. « Proposer l’eau potable en accès libre ou des bains-douches municipaux dans l’esprit des élus locaux reviendrait à tolérer les pauvres, voire à encourager leur venue », estiment ces deux responsables de l’association qui tient un centre d’accueil et de soins dans le centre-ville mais surtout distribue des bidons d’eau potable pour que les plus démunis y aient accès. « Au final, il s’agit de la même stratégie à court terme qui n’est pas de lutter contre la pauvreté, diagnostiquent-ils, mais de lutter contre les pauvres en les décourageant d’être là et ce, au mépris des droits les plus fondamentaux ».
Ils rappellent également que les organismes responsables – Préfecture, Mairie, Société des Eaux de Marseille et la Communauté Urbaine Marseille Provence Métropole – « ont été interpellés en vain sur l’application effective –et urgente en période caniculaire, de ce droit à l’eau et sur ses répercussions en termes de santé publique », surtout en période estivale comme dans le cas de ces Roms expulsés de Plombières qui s’étaient retrouvés en août sans eau potable dans un parc.