Médecins du Monde dénonce les restrictions d’accès aux Soins et à la SantéLa Loi de Santé 2015 sera débattue au Parlement en avril prochain. Actuchomage entame le décryptage des enjeux avec Médecins du Monde qui milite en faveur de l’égalité d’accès aux soins.
Contrairement à l’image que certains en ont, Médecins du Monde est très présente en France métropolitaine et dans les DOM (Réunion, Mayotte, Guyane…).
L’association assure, entre autres missions, des permanences de soins pour les plus démunis : 50.000 consultations par an. Autant dire qu’elle est particulièrement au fait des problématiques d’accès à la santé.
Si son engagement médical se focalise principalement sur les migrants, les SDF et les toxicomanes, MDM est de plus en plus sollicitée par des précaires confrontés aux difficultés.
Nous avons interrogé le Docteur Jean-François Corty, Directeur des Missions France de Médecins du Monde. Il nous apporte son éclairage sur quelques points essentiels visant à garantir la santé des plus démunis :
• Élargir l’accès à la CMU à toutes les personnes vivant sous le seuil de pauvreté.
• Fusionner la CMU et l’AME (Aide Médicale d’État) pour en faciliter la gestion administrative.
• Lutter efficacement contre les refus de soins de la part de certains praticiens.
• Généraliser le tiers payant (qui ne doit cependant pas se faire au détriment des médecins qui supporteraient seuls la charge de la gestion administrative de cette mesure).
• Encadrer les prix des médicaments, dont certains – prohibitifs – ne sont pas délivrés à l’ensemble des patients. MDM a fait de l’Hépatite C son cheval de bataille, les traitements étant aujourd’hui disponibles à partir de 41.000 euros (pour une cure de trois semaines) alors que le coût de fabrication du Sofosbuvir (le médicament qui éradique le VHC) est de l’ordre de 100 euros.Lire notre dossier sur ce sujet emblématique.
Par ailleurs, MDM observe (et dénonce) :
• Une augmentation du nombre de personnes « qui ont faim » et de patients mineurs (qui devraient pourtant bénéficier d’un accès inconditionnel au dispositif de droits communs).
• Un retard de recours aux soins ou une absence totale de soins (les patients attendent le dernier moment pour consulter).
• Une stigmatisation de plus en plus ouverte des précaires qui, selon Jean-François Corty, « ont autre chose à penser que truander la Sécu à longueur de journée« .
• La discrimination « énorme » des populations étrangères précaires. « On est sur des fantasmes démagogiques« , commente le Docteur Corty.
Consultez l’entretien que nous a accordé MDM. Une vidéo réalisée avec le soutien de la Ville de Paris (Mission Intégration, Lutte contre les Discriminations et Droits de l’Homme) et la Région Île-de-France.