Dans la perspective des élections européennes 2014, Médecins du monde (MDM) a publié ce mardi un rapport sur l’accès aux soins des plus précaires en Europe. L’association demande aux gouvernements nationaux et aux institutions européennes de garantir des systèmes de santé nationaux universels, solidaires et équitables, ouverts à toute personne vivant dans l’Union européenne.
« La crise économique et les mesures d’austérité prises par les gouvernements ont des effets néfastes sur la santé des populations », notamment les plus pauvres, les femmes et les enfants. L’ONG insiste en particulier sur la nécessité d’un « accès inconditionnel au suivi prénatal des femmes enceintes et aux vaccinations essentielles des enfants qui aujourd’hui ne sont pas toujours assurés ».
Plus de 16 000 patients dans 8 pays d’Europe
Le rapport s’appuie sur les données recueillies en 2013 au cours de 29 400 consultations menées dans ses centres d’accès aux soins destinés aux plus précaires, dans 25 villes de 8 pays européens (Allemagne, Belgique, Espagne, France, Grèce, Pays-Bas, Royaume-Uni, Suisse). Au cours de la période, 16 881 patients ont été accueillis.
Parmi les 285 femmes enceintes reçues, deux tiers (65,9 %) n’avaient pas eu accès aux soins prénataux avant de consulter et 42,8 % avaient été suivies trop tardivement. « Plus de 70 % d’entre elles nécessitaient des soins urgents ou assez urgents », souligne MDM.
Concernant les enfants, l’association déplore surtout l’insuffisance de la couverture vaccinale. Parmi les 1 703 ayant consulté l’un des centres MDM en 2013, « seul un mineur sur deux, au mieux, est vacciné contre le tétanos, l’hépatite B, la rougeole ou la coqueluche. Dans certains pays, ce taux est inférieur à 30 %, ce qui est bien en deçà des taux de couverture vaccinale de la population générale, qui se situent autour de 90 % », note l’association.
L’état des patients est « inquiétant » juge MDM et la situation est encore plus dure lorsque les patients sont sans autorisation de séjour européens ou extra-européens. L’association cite l’exemple de l’Espagne où « les immigrés adultes sans papiers ont été exclus des soins depuis le Décret-loi royal 16/2012, entré en vigueur en septembre 2012 ». D’une manière générale, le rapport constate que« les groupes déjà fragilisés avant la crise – ressortissants européens démunis, migrants sans papiers, demandeurs d’asile, usagers de drogues, travailleur(se)s du sexe et sans-abri – connaissent une réduction, voire une privation des éléments de sécurité et des réseaux qui leur assuraient une assistance de base ».
Évolution positive en France
Seules 2 % des personnes qui ont consulté citent la santé personnelle comme motif de migration, ce qui réfute « l’idée reçue que les mécanismes de protection
sociale représentent un facteur d’attraction pour les migrants », souligne l’association.
Par ailleurs, plus d’un quart des patients déclarent un mauvais ou très mauvais état de santé général et 76 % d’entre eux rapportent avoir vécu au moins une expérience de violence.
Parmi les évolutions positives est cité le cas de la France où « le seuil de revenu pour accéder à la gratuité des soins a été relevé, ce qui se traduit par une couverture médicale totale pour 600 000 patients supplémentaires ». Le même seuil s’applique aux immigrés sans papiers pour l’AME (Aide médicale d’État) et, note avec satisfaction MDM, le forfait de 30 euros « pour les immigrés sans papiers, introduit par le précédent gouvernement, a été retiré en 2012 ». Des évolutions positives sont aussi notées en Allemagne et en Suède.
Dr Lydia Archimè