le « parcours de sortie de la prostitution » prévu par le texte, abondé par l’Etat à hauteur de 4,8 millions par an, est très largement sous-financé vu les objectifs qui lui sont fixés, dénoncent les associations dans un communiqué.
La proposition de loi visant à renforcer la lutte contre la prostitution et à accompagner les personnes prostituées (PPL) sera définitivement adoptée ce mercredi par les députés, après un ultime débat et presque deux ans et demi de parcours parlementaire.
Pas forcément une bonne nouvelle pour les associations qui défendent les prostituées, pour lesquelles cette loi serait trop orientée vers la répression, et pas suffisamment vers l’accompagnement des prostituées.
Un budget sous-financé
Ainsi, le « parcours de sortie de la prostitution » prévu par le texte, abondé par l’Etat à hauteur de 4,8 millions par an, est très largement sous-financé vu les objectifs qui lui sont fixés, dénoncent dans un communiqué Act-Up et Acceptess-T (LGBT), Aides (sida), le planning familial, Médecins du monde, et huit associations d’accompagnement des travailleurs du sexe.
Avec 30 000 prostitué(e)s en France, selon l’Office central pour la répression de la traite des êtres humains, un tel budget ne permet d’allouer que 160 euros par personne et par an qui, pour en bénéficier, auront en outre « obligation de sortir de la prostitution », critiquent ces associations, pour qui cette condition « pose un vrai problème ».
Alors qu’un « travail sérieux » coûterait 547 millions d’euros par an -soit 1520 euros d’indemnités par mois et par prostitué(e) -, selon un calcul des treize structures, le gouvernement n’a donc prévu « qu’à peine plus d’un centième de la somme nécessaire ». Il est dès lors « évident » que le volet social de la proposition de loi n’est « rien de plus qu’un effet d’annonce ayant pour but de masquer la dimension essentiellement répressive de ce texte », selon elles.
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Fin du délit de racolage passif
Le texte de la proposition de loi, dont la pénalisation du clientconstitue la mesure phare, met fin au délit de racolage passif, institué en 2003 par le ministre d’Intérieur d’alors Nicolas Sarkozy, et dénoncé par toutes les associations sur le terrain.
Pour les détracteurs de cette loi, les 1 500 euros de contravention (jusqu’à 3 500 en cas de récidive) que risqueront les clients pousseront ces derniers à beaucoup plus se cacher et les prostituées à s’isoler davantage encore, multipliant les risques d’agressions et de rapports à risque.