À l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre la faim, le 15 juin, Médecins du Monde publie une enquête sur l’alimentation des personnes en grande précarité et ses conséquences sur la santé, réalisée à partir des données de 7 de ses centres d’accueil de soins et d’orientation (CASO) ; soit 346 personnes, à 63 % des hommes, en très grande majorité (97 %) des ressortissants étrangers.
L’insécurité alimentaire touche près de 80 % des foyers, surtout ceux qui vivent à la rue, dans un squat, ou en campement et plus de la moitié des personnes déclarent n’avoir pas toujours assez à manger. Plus des 3/4 des enfants de moins de 5 ans ont été allaités, en moyenne 7 mois, avec une diversification le plus tard possible.
Seulement 13 % des enfants de moins de 19 ans ont reçu 4 prises alimentaires dans les 24 heures précédant l’enquête et aucun n’a consommé les fruits et légumes recommandés par le plan national de nutrition santé. Chez les adultes, 71 % ont consommé au moins 3 féculents, 3 % seulement, au moins 3 produits laitiers et 0,3 % 5 fruits et légumes.
Conséquences, un tiers des adultes (en particulier les primo-arrivants) déclarent avoir perdu du poids de manière imprévue au cours des 3 dernières semaines précédant l’enquête. Plus de la moitié (surtout femmes et plus de 50 ans) est en surpoids (34 %) ou obèses (19 %), et 2,4 % ont un indice de masse corporelle trop faible.
Au moins un problème de santé dans 97,4 % des consultations
Les médecins ont relevé au moins un problème de santé dans 97,4 % des consultations, 2 dans 46,2 % et 3 dans 13,3 % des cas. Les affections ostéoarticulaires et du système digestif occupent les 1ère et 2e places des pathologies diagnostiquées (autour de 16 %), suivies des affections respiratoires (12 %), dermatologiques (9 %), cardiovasculaires 8 % et psychologiques (7 %).
Les pathologies chroniques en lien avec l’alimentation touchent 34,5 % de l’échantillon et 38 % des personnes de plus de 15 ans ont un état buccodentaire en mauvais état.
Médecins du monde recommande de développer des aides alimentaires adaptées et ciblées, de faciliter l’accès à l’eau et à l’hygiène et de mettre fin aux arrêtés anti-glanage (17 % des personnes interrogées y ont recours), et anti-mendicité.
L’ONG préconise aussi de mieux informer les personnes en situation de grande précarité sur leurs droits. Seuls 42 % des foyers interrogés ont bénéficié de l’aide alimentaire au cours du mois écoulé.
Coline Garré