2011-05-17
La misère environnante en Chine poussent les chinoises à quitter leur pays pour le grand rêve français.
Mais une fois arrivées à Paris, le rêve s’écroule et laisse place à un cauchemar bien réel : après avoir quitté leur vie de famille (la moyenne d’âge est de 40 ans, la plupart d’entre elles sont mariées et mères de familles), elles se retrouvent placées dans des familles comme nounous, à 500€ par mois, ou comme couturières dans des ateliers de confection. Mais elles doivent rembourser la somme empruntée pour le voyage et le visa : 150€ en moyenne chaque mois, sinon les agios augmentent très vite. A cela s’ajoute le loyer à payer, environ 150 €, et l’argent à envoyer à la famille en Chine. Et si un problème survient dans leur famille (maladie, décès, licenciement…) alors elles sont prises au cou. Alors elles se tournent vers une solution qui leur fait honte : la prostitution. Le calcul est vite fait : avec trois passes à 50€, elles peuvent payer toutes leurs dettes.
Mais voilà, elles ne connaissent rien des règles de protection en matière de maladies sexuellement transmissibles. Alors deux fois par semaine le Lotus Bus stationne sur le boulevard de la Villette à Paris, ou à Belleville. Cette antenne de Médecin du Monde apporte un soutien moral, judiciaire et médical. En une heure et demie, 110 femmes peuvent se présenter dans ce camping car. Elles y reçoivent des conseils, des ordonnances médicales, des préservatifs… La plupart d’entre elles bénéficient aussi d’un suivi gynécologique avec un interprète à l’hôpital Saint-Louis à Paris.
Ces femmes sont pour la plupart issues originaires du nord-est de la Chine. Un docteur de Médecin du Monde explique que « dans ces régions industrielles, hier fleuron de l’économie socialiste, la crise a d’abord touché les femmes. En perdant leur travail, elles ont dû renoncer aux bénéfices liés aux entreprises d’Etat, à l’accès aux soins, aux places en crèche, à l’éducation. Puis, mondialisation oblige, les moeurs ont changé. Les divorces se sont multipliés. Les mères célibataires aussi. »
Et ici, la prostitution les expose à d’autres sortes de violence : la police, les hommes violents, etc. Avec la loi sur la sécurité intérieure et la racolage passif les expose aux gardes à vue. Elles ont maintenant peur de la police et n’osent pas porter plainte contre les hommes violents qui sévissent lors de passes. Médecin du Monde les y encourage fortement et les aide dans leur démarche. Ainsi l’association a réussi à faire condamner un agresseur récidiviste.
Un petit pas car face à l’afflux de nouvelles arrivantes, le Lotus Bus est débordé. « Nous voudrions ajouter une tournée supplémentaire, changer de véhicule, mais nous manquons de moyens et le problème s’aggrave de jour en jour » conclut un médecin de l’association.
L’association adonc plus que jamais besoin de la solidarité de chacun, pour qu’on ne voit plus ces scènes de migrantes obligées de se livrer à la prostitution.