L’accès aux soins toujours difficile pour les plus pauvres
On y pense peu, mais ceux qui n’ont pas accès aux soins en France, malgré notre système médical envié, restent nombreux. En 2012, l’ONG Médecins du Monde a accueilli plus de 30.500 personnes dans ses centres d’accueil, de soins et d’orientation (Caso), des étrangers pour la plupart. Un chiffre en progression de 3,7% par rapport à 2011, et de 24% par rapport à 2008.
Parmi les personnes soignées dans ces consultations, la quasi-totalité vivent sous le seuil de pauvreté (98%) et 70% connaissent de graves difficultés de logement (13,2% sont SDF), a dévoilé l’ONG mercredi dans son rapport annuel 2012. La part des mineurs, qui représentaient 12,5% des visiteurs en 2012, a considérablement augmenté en 5 ans (+69%).
Autre indicateur alarmant: 43% des personnes venues consulter présentaient un problème de santé qui aurait dû être traité plus tôt, et 22% ont renoncé à se soigner au cours des douze derniers mois. «Ces deux indicateurs sont en constante progression depuis plusieurs années», souligne le Dr Jean-François Corty, directeur des missions France pour MdM.
Les Portugais, les Espagnols et les Italiens rejoignent les rangs
Les patients, à plus de 90% des étrangers, sont principalement originaires d’Afrique subsaharienne, du Maghreb et de l’Union européenne. Les Roumains, Algériens, Français, Tunisiens et Marocains sont les plus représentés. Mais, et c’est nouveau, des ressortissants portugais, espagnols ou italiens font désormais partie des patients, «certainement en lien avec la situation économique de leur pays».
Les pathologies constatées, majoritairement liées à la précarité, sont les troubles respiratoires, les pathologies digestives dues souvent à une eau non potable, les troubles ostéo-articulaires et les problèmes dermatologiques, devant les affections cardio-vasculaires et les problèmes psychologiques (anxiété, dépression).
Seulement 12% des patients avaient en 2012 des droits ouverts (16% en 2011) à l’aide médicale d’Etat (AME), réservée aux migrants en situation irrégulière, ou à la couverture médicale universelle (CMU) et 32% demeuraient «totalement exclus du système d’accès aux soins». L’ONG dénonce les «nombreux obstacles» à l’accès aux droits, comme l’obligation d’une domiciliation et d’une présence de trois mois sur le territoire pour bénéficier de l’AME, la «complexité de la législation», la barrière linguistique ou à la peur d’être interpellés.
Médecins du Monde dénonce aussi «des réponses publiques souvent plus sécuritaires que sociales», comme sur l’ouverture de la salle de consommation de drogue, «urgence sanitaire et sociale» selon le docteur Corty, l’expulsion des populations roms de leurs lieux de vie qui «les met en danger», ou la future pénalisation des clients de prostituées qui «va rendre leurs conditions de vie plus difficiles».
(Avec AFP)