Perama, sur les hauteurs du Pirée, est, à première vue, un quartier populaire classique. Aux immeubles bien tenus avec, souvent, vue sur mer. On est loin des friches urbaines qu’on peut retrouver près du centre d’Athènes. Longtemps, sa population a vécu de l’intense activité des chantiers navals du Pirée. Puis, tout s’est effondré. Les bateaux sont allés se faire construire ou réparer en Asie. > Boroume déclare la guerre à la faim > La crise à l’heure de Syriza > Terra Incognita. Une agence pour comprendre la crise C’est là, sur ces hauteurs bercées par les brises marines que Médecins du Monde a ouvert une grande polyclinique. Ici, tous les jours, ceux et celles qui n’ont plus de couverture santé –
ils seraient 3 millions selon MDM, soit un quart de la population – peuvent se faire soigner gratuitement. Pédiatrie, dermatologie, soins dentaires, généralistes. L’offre est très large. 9.269 visites en 2014 L’an dernier, les 18 médecins de l’association, aidés par autant de bénévoles, ont suivi 1.634 bénéficiaires, dont plus de 500 enfants. Au total, ils ont assuré 9.269 visites. La clinique accueille quotidiennement ceux qui n’ont plus les moyens de payer le forfait de 5 € demandé à l’entrée des hôpitaux publics. Et aussi ceux qui ne peuvent plus se payer le luxe d’acheter les produits pharmaceutiques de première nécessité, bandes de gaze ou seringues. Les restrictions budgétaires du ministère de la Santé ont souvent abouti à ne plus les fournir aux assurés sociaux. Des colis alimentaires L’aide de Médecins du Monde ne s’arrête pas là. L’association distribue aussi des colis alimentaires. Après avoir dûment vérifié l’identité et le dossier des bénéficiaires. Dans ces cartons, des boîtes de conserve, des céréales et des pois secs. De quoi se nourrir, un point, c’est tout. « On voit des familles entières sombrer » Toute la journée, la salle d’attente ne désemplit pas. « La situation est tendue, commente une bénévole, une pharmacienne retraitée. On reçoit de plus en plus de monde. Des adultes, des vieux, mais aussi énormément d’enfants, dont la situation sanitaire est plus que critique. Et puis, on voit des familles entières sombrer. Comme ce mécanicien de la Marine qui gagnait correctement sa vie avant et qui, aujourd’hui, nourrit ses enfants grâce à nos dons. C’est triste ! ». Des regards qui en disent long… Dans un coin, une mère de famille venue retirer de la nourriture se fait sermonner par une bénévole pour s’être servie trop largement. On lui retirera un pain de son sac. Dans la salle d’attente, un homme obèse, la quarantaine, qui a mis de longues secondes à monter les escaliers, a, à présent, toutes les peines du monde à remplir sa fiche d’inscription. Plus tard, une jeune mère, son nourrisson dans les bras, se verra remettre le paquet de lait infantile qu’elle demandait. Dans le couloir, une mère et ses jumelles attendent l’arrivée du pédiatre. Chacun prend son mal en patience, dans le calme. Mais les sourires sont tendus. Et les regards en disent long sur la détresse des personnes qui poussent cette porte. (1) En Grèce, MDM gère quatre polycliniques à Athènes, à Thessalonique et en Crète. Elle dispose aussi de plusieurs antennes spécialisées dans les soins dentaires, les soins ophtalmologiques, ainsi que des antennes qui interviennent auprès des migrants. Elle pilote également des programmes de vaccination des enfants et intervient auprès des usagers de drogue à Athènes. Imprimer Envoyer
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