Le campement vivait, depuis le 15 août, sous la menace d’un démantèlement imminent : jeudi 27 août, l’expulsion des trois cents Roms qui l’occupaient a commencé. Deux unités de forces mobiles ont été déployées, a annoncé la préfecture de Seine-Saint-Denis, précisant que le diagnostic social, étape préalable obligatoire à toute expulsion, était « achevé ». Sur place, « l’ambiance est calme, on discute posément avec les occupants, ils savent qu’on ne fait qu’appliquer une décision de justice », a assuré un membre du cabinet du préfet.
Le bidonville du Samaritain, situé entre l’A86 et les voies du RER B dans la zone industrielle de La Courneuve, en Seine-Saint-Denis, existe depuis bientôt huit ans, ce qui en fait l’un des plus vieux du pays. La mairie communiste de La Courneuve en a demandé, dès 2013, l’expulsion. Il devait avoir disparu pour la conférence internationale sur le climat, qui se tiendra dans trois mois non loin, au Parc des expositions du Bourget.
Le bidonville faisait l’objet d’un conflit entre la municipalité et des associations présentes au Samaritain. L’ONG Médecins du monde et la Fondation Abbé-Pierre avaient proposé un plan de « sortie par le haut » du bidonville de la rue Pascal, avec relogement à la clé, en échelonnant l’évacuation du terrain communal sur trois ans. Un plan rejeté par la municipalité.
« Traitement inhumain et dégradant »
« Les personnes se retrouvent éloignées de leur lieu de vie, de leur travail, des structures de santé où elles étaient soignées et des écoles dans lesquelles leurs enfants étaient scolarisés. Quelles solutions s’offrent finalement à elles aujourd’hui, sinon de trouver un autre abri de fortune ? »
Un membre du cabinet du préfet a assuré que quelques familles « plus vulnérables que d’autres » seront hébergées, si elles le souhaitent « dans des chambres d’hôtel qu’on a réservées ».
Dans un avis du 18 août, le défenseur des droits, Jacques Toubon, soulignait l’existence au Samaritain d’« un projet inédit de résorption progressive, mené par des militants, des associations et des chercheurs, ainsi que la participation des trois cents habitants ». Et prévenait que, « faute d’un accompagnement social, sanitaire et scolaire et de solutions pérennes d’hébergement », l’expulsion pouvait « caractériser un traitement inhumain et dégradant engageant la responsabilité de l’Etat ». Une pétition en ligne contre l’expulsion, lancée par les habitants du bidonville en août, a recueilli plus de 38 000 signatures.
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