Ces avis sont issus du colloque international organisé à Kinshasa par le Réseau des éducateurs des enfants et jeunes de la rue (Reejer), en collaboration avec Médecins du monde, le gouvernement de la RDC, avec l’appui de l’ambassade du Canada.
Les travaux du colloque international sur le thème «Enfants en situation de rue : accompagnement psycho-social et accès aux soins de santé », organisés en marge du vingt-sixième anniversaire de la Convention internationale des droits de l’enfant, se sont clôturés le 20 novembre.
Dans l’objectif de poursuivre les échanges sur thème retenu, après l’identification des problèmes, les participants à ces assises de trois jours organisées par le Reejer au Centre de rééducation des handicapés physiques, à Kinshasa, ont émis plusieurs recommandations qui visent le bien-être des enfants, surtout ceux qui sont en situation de rue. Ces exhortations sont adressées à l’État congolais, à la coordination du Reejer, aux structures membres du Reejer, à la communauté et aux partenaires. Ils ont notamment exhorté l’État congolais à appliquer la loi en rapport avec la qualité des structures de prise en charge : fermeture des structures qui ne respectent pas les normes; accompagnement des structures de prise en charge des moyens conséquents pour les rendre viables et opérationnelles, de faire appliquer les normes existantes, de standardiser les modules de formation et de renforcer la vulgarisation et suivi de l’application des normes standards existants.
L’État congolais a également été exhorté à appliquer réellement des décrets-lois portant protection de l’enfant ; à créer des orphelinats pour l’hébergement des enfants, spécifiquement pour les filles en situation de rue, à réguler le fonctionnement des Églises à caractère prophétique qui entraînent l’augmentation des enfants dits sorciers dans la rue. Aussi les participants attendent-ils de l’État congolais de rendre les familles responsables des enfants en faisant les suivis, de faciliter l’accès aux soins de santé de la reproduction aux familles à risque, de mettre à la disposition des structures des moyens financiers, d’alléger des démarches pour l’obtention des documents, de faciliter l’accès des enfants aux soins de santé, de mettre en application des textes juridiques relatifs à la protection de l’enfant, d’harmoniser les outils de collecte des données, d’élaborer le plan stratégique et opérationnel, d’allouer un budget en faveur de la protection de l’enfant et le vote sur l’action sociale, de rendre disponible et vulgariser les instruments légaux, de renforcer le lien de collaboration entre acteurs et de prendre en compte la situation de la population dans le plan d’action opérationnel.
Alors qu’à la coordination du Reejer, il est demandé de renforcer la synergie entre partenaires et acteurs pour faciliter l’accès aux expertises, de rendre disponible, d’ici la fin de l’année, la cartographie actualisée des structures membres, particulièrement celles qui offrent des services de santé. Il est aussi attendu de cette plate-forme de créer une mutuelle de santé en faveur des enfants en situation de rue, d’accompagner les structures qui offrent les soins à intégrer les zones de santé, de renforcer le partenariat, l’élargir et le diversifier et de développer un circuit de prise en charge des enfants dits de la rue (EDR).
Aux structures membres de Reejer, ces assises de Kinshasa ont recommandé de sensibiliser les enfants à la disponibilité de prise en charge, de contrôler l’application des normes et de l’éthique ; d’assurer, si possible, l’hébergement obligatoire aux enfants malades ; d’augmenter les centres de santé de référence, de couvrir les frais d’hospitalisation, d’harmoniser les règles d’écoute et d’accueil, de renforcer les compétences des acteurs du terrain ; d’assurer l’accès non conditionné aux adolescents et aux jeunes à la contraception ; de renforcer la sensibilisation des familles ; de faire le plaidoyer sur la gratuité et l’effectivité de la scolarité, de créer des équipes pluridisciplinaires, de mettre en application les normes et standards de prise en charge des enfants en situation difficile et d’assurer l’application de la politique sanitaire proposée par le réseau.
Tandis que la communauté a été appelée à accompagner les éducateurs sociaux dans l’encadrement des enfants de la rue, les partenaires ont été exhortés à organiser les suivis et évaluations trimestriels avec les acteurs impliqués dans la prise en charge des EDR et de respecter la politique de chaque ministère impliqué dans leur prise en charge.
Un écho du plaidoyer en faveur des enfants
Dans leur message, à côté de l’application des recommandations de ces assises, les enfants dits de la rue ont spécifiquement sollicité l’application de certaines dispositions de la loi portant protection de l’enfant dont la gratuité de la scolarité et l’accès aux structures de santé.
Le président du Conseil d’administration du Reejer, Roger Mafolo, a, dans le cadre de cette célébration, annoncé le lancement d’une semaine de réussite au cours de laquelle les enfants vont approcher les familles, en vue de leur rappeler les droits des enfants. La ministre des Affaires sociales, Actions humanitaires et Solidarité nationale, Adèle Degbalase Kanda, appelée à clôturer des travaux, a, elle, identifié cinq domaines d’intervention pour améliorer la qualité de vie des ces EDR. Il s’agit du renforcement du cadre institutionnel pour leur protection, du renforcement des mécanismes communautaires et des capacités des familles, de l’amélioration de l’accès des enfants aux services sociaux de base, du suivi et de l’évaluation des projets ainsi que de la mobilisation des ressources financières, matérielles et humaines adéquates. La ministre a, dans ce cadre, annoncé sa décision de convoquer, dans les prochains jours, une réunion de tous les acteurs impliqués dans l’encadrement des enfants en situation difficile, en vue de faire le point sur la situation et examiner avec les partenaire- clés, l’ensemble des projets et programmes planifiés ou en chantier, pour une orientation commune.
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