Humanitaire. Hier une délégation rouennaise de Médecins du monde est venue à Dieppe pour faire un état des lieux sur les conditions de vie des migrants. Les bénévoles reviendront régulièrement avec un camion médicalisé.
Suite à l’alerte lancée, il y a quelques semaines, par l’association Itinérance Dieppe, cinq membres de l’antenne rouennaise de Médecins du monde étaient dans la cité aux quatre ports, hier après-midi. Ils ont visité les sept campements de fortune installés autour du terminal Transmanche, où logent les migrants. L’objectif de cette première « mission exploratoire : évaluer et repérer les besoins sanitaires », explique Anne-Sophie Marie, coordinatrice régionale pour Médecin du monde. Avant, dans un deuxième temps, de « travailler avec les associations locales pour répondre au mieux à ces besoins ».
« DES CONDITIONS DE VIE INACCEPTABLES »
Le rendez-vous est donné quai de la Marne, à l’endroit même où se déroulent les distributions quotidiennes de nourriture pour les réfugiés (lire nos éditions des 19 février et 29 janvier) mais aussi juste en face de plusieurs tentes, calées entre les cailloux et les ronces, sur un terrain en pente. La délégation grimpe le talus et examine l’ensemble du campement : des palettes en bois ont été transformées en lits et en tables et sont recouvertes de sacs de couchage et de couvertures. Un barbecue trône au milieu de chaises, abritées par des bâches. « Ici dorment, essentiellement, des Somaliens, explique Nicolas Legrand, président d’Itinérance Dieppe. Ils sont absents pour le moment et doivent être au parc François-Mitterrand, c’est l’heure de la douche. » Les bénévoles de Médecins du monde prennent des photos, notent leurs observations. À quelques mètres de là, un amas de vêtements et de sacs de couchage témoigne de la présence d’autres migrants : « les Afghans sont souvent ici », indiquent les autochtones. Plusieurs adhérents d’Itinérance accompagnent les Rouennais mais aussi le trésorier et co-président de la toute nouvelle association locale PH 76, qui vient également en aide aux réfugiés . Un peu plus loin, des matelas disposés dans une cavité creusée dans la falaise : on arrive chez les Albanais. Ils sont une dizaine à vivre là, où les déchets se mélangent aux couvertures. La ronde n’est pas encore terminée et doit se poursuivre le long des barbelés du Transmanche, puis au bord de la falaise où est installée une vingtaine de tentes, mais les membres de Médecins du monde livrent leurs premières impressions : « Pas de sanitaires, pas de point d’eau ni de poubelles. Ce ne sont pas des conditions de vie acceptables », lâche Anne-Sophie Marie.
La coordinatrice a rendez-vous demain avec l’ARS (Agence régionale de santé) pour faire le point sur la situation des réfugiés, du point de vue sanitaire, à Dieppe.
FORMER LES DIEPPOIS
« Si l’on ne fait rien, le risque serait de voir arriver et se propager des épidémies de galle, tuberculose ou encore rougeole, comme on a pu en diagnostiquer à Calais, par exemple », soulignent les représentants de Médecins du monde. Pour l’instant, pas d’inquiétude, il semblerait qu’aucune maladie n’a fait surface mais par anticipation, « nous allons revenir, très vite, équipé de notre camion médicalisé. Nous prendrons le temps d’examiner et, le cas échéant, de soigner les migrants », notent Christian, Delphine et Maris-Christine, respectivement dentiste, infirmière et médecin. L’idée serait ensuite d’« agir régulièrement à Dieppe. À raison d’une fois par semaine, si nous réussissons à mobiliser suffisamment de bénévoles ». Parallèlement un « recueil de données » a été établi, hier, par Anne-Sophie Marie. Un document avec des éléments chiffrés, qui permet d’alerter les pouvoirs publics. Enfin, Médecins du monde espère, à l’avenir, pouvoir former les adhérents des associations locales sur ce volet santé.
BARBARA HUET