Morts par milliers, infrastructures détruites, malnutrition, mines antipersonnel, amputations… et une mobilisation internationale défaillante : six ONG ont lancé jeudi à Paris un « cri d’alarme » pour une « crise humanitaire oubliée » au Yémen, où un conflit massif fait rage.
« C’est dans l’indifférence générale que le Yémen s’enfonce dans le chaos », pestent Médecins du monde, Handicap International, Première urgence internationale, Acted, Action contre la fin, et Care, dans un texte commun.
« Les bombardements aériens et les combats ont considérablement aggravé la situation humanitaire des populations de ce pays, le plus pauvre de la péninsule arabique », regrettent ces six ONG actives au Yemen.
Quelque 36.000 victimes ont été recensées depuis que l’Arabie saoudite et d’autres pays arabes sunnites, en appui au gouvernement yéménite, ont lancé le 26 mars 2015 une campagne militaire contre les rebelles chiites Houthis et leurs alliés, qui s’étaient emparés de larges pans du territoire dont la capitale Sanaa, rapporte Jean-Pierre Delomier, directeur de l’action d’urgence pour Handicap international (HI).
Les combats ont depuis lors fait « 6.200 morts, dont la moitié de civils », affirme M. Delomier, dénonçant l’usage de « mines » et d' »armes à sous-munitions » par les belligérants, autant de « plaies » impossibles à cicatriser pour de nombreux villageois ainsi privés d’accès à leurs maisons.
Quinze millions de personnes se retrouvent avec des « besoins humanitaires importants », dont 2,5 millions de déplacés internes et 250.000 Yéménites réfugiés à Djibouti et en Somalie, énumère Jean-François Corty, le directeur des opérations internationales pour Médecins du monde.
« La situation se détériore un peu plus chaque jour pour les civils », alors que 10 à 15% des structures médicales ont été détruites ces derniers mois, regrette-t-il. « De nombreuses pathologies en lien avec la grande précarité » prolifèrent, dont la fièvre typhoïde et de malnutrition, observe M. Corty.
Or le Yémen, pays sans « intérêt stratégique », fait face à un « financement inconséquent » de la communauté internationale, dénonce Hasan el Sayed, le directeur des opérations de Première urgence internationale.
« On est très loin de ce qu’on devrait mettre en oeuvre au vu de l’ampleur des besoins », remarque-t-il.
Les six ONG appellent à « un cessez-le-feu immédiat » qui « faciliterait le déploiement de l’aide » et « permettrait de répondre à l’immensité des besoins humanitaires ».
Des « divisions profondes » entre les protagonistes du conflit empêchaient encore la tenue de négociations de paix, notait en février le médiateur de l’ONU Ismaïl Ould Cheikh Ahmed.