Sabrina Bouarour – publié le 21/02/2012
Médecins du Monde a dévoilé ce matin sa campagne 2012 pour la présidentielle et les législatives afin d’interpeller les candidats sur la dégradation des conditions sanitaires pour les personnes en situation de précarité.
« Le système de santé français est aujourd’hui malade et ce sont les populations précaires qui en souffrent le plus ». Tel est le diagnostic du docteur Olivier Bernard, président de Médecins du Monde, qui lancera le 28 février une campagne pour interpeller les candidats à l’élection présidentielle sur « la remise en cause d’un accès équitable au soin »
Les chiffres de la « détresse sanitaire » donnés par l’association sont sans appel : 80% des populations qui consultent l’ONG n’ont aucune couverture maladie, ¼ viennent se faire soigner trop tardivement, 68% des femmes enceintes n’ont pas accès aux soins prénataux et plus de la moitié présente un retard de suivi de grossesse. Quant aux enfants soignés, 2/3 d’entre eux ne sont pas suivis par une PMI et 2/3 des moins de 6 ans ne sont pas à jour dans leurs vaccinations.
L’ONG dénonce notamment les effets sur la santé publique des politiques répressives contre les plus pauvres. « Au-delà de la crise, un certain nombre de politiques stigmatisent certaines populations que l’on prend en charge », estime Olivier Bernard. Les usagers de drogue, les personnes se prostituant, les Roms et les populations sans domicile et sans papiers sont les premiers touchés.
« Régulièrement, le travail de vaccination et les traitements mis en place sont interrompus par les expulsions. On a souvent distribué du matériel de première nécessité qui a été réquisitionné par la police », explique Jean-François Corty, directeur des Missions France, qui observe une résurgence des « maladies de la pauvreté », comme la tuberculose. « Quand vous évacuez des squats régulièrement, quand vous mettez des gens à la rue, vous créez les conditions de dégradation de la santé mais aussi d’émergence de la maladie », constate-t-il. Continuer la lecture →