L’insécurité alimentaire touche près de 80 % des précaires

À l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre la faim, le 15 juin, Médecins du Monde publie une enquête sur l’alimentation des personnes en grande précarité et ses conséquences sur la santé, réalisée à partir des données de 7 de ses centres d’accueil de soins et d’orientation (CASO) ; soit 346 personnes, à 63  % des hommes, en très grande majorité (97 %) des ressortissants étrangers.

L’insécurité alimentaire touche près de 80  % des foyers, surtout ceux qui vivent à la rue, dans un squat, ou en campement et plus de la moitié des personnes déclarent n’avoir pas toujours assez à manger. Plus des 3/4 des enfants de moins de 5 ans ont été allaités, en moyenne 7 mois, avec une diversification le plus tard possible.

Seulement 13 % des enfants de moins de 19 ans ont reçu 4 prises alimentaires dans les 24 heures précédant l’enquête et aucun n’a consommé les fruits et légumes recommandés par le plan national de nutrition santé. Chez les adultes, 71 % ont consommé au moins 3 féculents, 3  % seulement, au moins 3 produits laitiers et 0,3 % 5 fruits et légumes. Continuer la lecture

Prise en charge des personnes vulnérables : FHF et Médecins du Monde s’engagent

La FHF (Fédération hospitalière de France) et Médecins du Monde ont décidé d’unir leurs forces pour que les plus fragiles ne soient pas oubliés dans la stratégie nationale de santé ni dans la future loi de santé. Dans un rapport intitulé : « La prise en charge des personnes vulnérables : agir ensemble à l’hôpital et dans le système de santé », ils formulent 35 propositions se regroupant en neuf axes :

  • Renforcer la place des permanences d’accès aux soins de santé (Pass) dans les établissements de santé,
  • Développer et diversifier les dispositifs hospitaliers,
  • Soutenir les professionnels hospitaliers et s’engager résolument à leurs côtés,
  • Consolider la dimension territoriale de l’action des hôpitaux,
  • Réviser les modes de financement,
  • Garantir l’accès aux droits à l’assurance et à la complémentaire maladie,
  • Réaffirmer le rôle d’acteur des usagers,
  • Lancer des programmes de formation des professionnels à la thématique « vulnérabilité et santé »,
  • Promouvoir l’enseignement et la recherche universitaire autour des problématiques de la vulnérabilité.

Ces propositions doivent « permettre de lutter contre le non respect des droits, de développer des filières d’accès aux soins adaptées à la situation sociale des personnes ou encore de dépasser les barrières culturelles et financières qui se dressent entre les personnes vulnérables et les lieux de soins et de prévention », indiquent les associations dans un communiqué commun.

…En savoir plus…

Consulter le Rapport FHF et Médecins du Monde

Future Loi de santé : ne pas oublier les plus fragiles

Future Loi de santé : ne pas oublier les plus fragiles

Frédéric VALLETOUX, Président de la Fédération Hospitalière de France, et Thierry BRIGAUD, Président de Médecins du Monde

 

Depuis la loi d’orientation de 1998 relative à la lutte contre les exclusions, de nombreuses mesures législatives ont été engagées et une multitude de rapports ont été publiés. Pourtant, notre système de santé reste traversé par d’importantes inégalités. Les personnes les plus vulnérables sont souvent en moins bonne santé et ont de plus grandes difficultés à accéder aux soins et aux actions de prévention. Sur le terrain, les hôpitaux publics sont souvent seuls, avec quelques associations, dont Médecins du Monde, à assumer la mission de prise en charge des plus précaires.

 

Il y a urgence à agir pour inventer un nouveau modèle. Alors que le président de la République a hissé la santé au rang de priorité du futur pacte de solidarité, nous appelons le gouvernement à traduire ces intentions en actes. La lutte contre les vulnérabilités doit être au cœur de la future loi de santé publique. La Fédération Hospitalière de France et Médecins du Monde partagent cette ambition d’agir pour préserver un système de santé de qualité, solidaire et ouvert à tous.

 

Pour la première fois, nous avons mené une réflexion commune afin d’élaborer des propositions concrètes. A l’issue de ce travail qui a mobilisé de nombreux experts et acteurs du monde de la santé, la FHF et Médecins du Monde versent au débat 35 propositions pour améliorer la prise en charge des personnes les plus fragiles. Ces propositions s’inscrivent dans trois priorités qui doivent guider la future politique de santé.

 

Il s’agit d’abord de conforter le rôle de l’hôpital dans l’accueil des plus vulnérables. Tant pour des raisons éthiques que pour répondre, de manière opérationnelle, aux besoins des populations les plus fragiles, il nous faut défendre un service public accessible à tous. Ce service public doit s’appuyer sur la coopération avec l’ensemble des acteurs du secteur sanitaire et social. La question du financement public de l’accueil des plus fragiles doit également être posée. La tarification à l’activité n’est pas adaptée à la complexité sociale de certaines prises en charge. L’insuffisance de moyens et l’inadéquation des modes de financement freinent le développement de certaines actions à destinations de publics fragiles et pose la question de la pérennité de nombreux dispositifs. Il apparaît nécessaire de soutenir financièrement les établissements publics dans leurs actions en sanctuarisant les moyens alloués et en confortant les financements.

 

La deuxième priorité doit être de replacer l’hôpital au cœur des territoires. Pour accueillir au mieux les plus fragiles, l’hôpital doit continuer à s’ouvrir à son territoire. Cette ouverture aux autres acteurs, où qu’ils soient et quel que soit leur statut, leur mode d’intervention, est la seule voie qui permette de croiser les regards, de créer des réseaux, de faire émerger des dispositifs innovants et de quitter les référentiels strictement médicaux. Définir une stratégie de soins avec un patient sans domicile fixe, ou un patient migrant sans titre de séjour, impose de prendre en compte les impasses administratives, les limites des possibilités d’hébergement, et oblige à mobiliser tous les acteurs de proximité. Les contrats locaux de santé constituent un des outils qui doit permettre ces approches collectives et complémentaires.

 

La troisième priorité est celle de la participation des patients au système de santé. Ce débat dépasse le périmètre de la précarité mais se trouve aiguisé par l’absence de représentation organisée et souvent du rejet des patients en situation d’exclusion sociale. Or, le travail de médiation sanitaire et les connaissances profanes des patients, sont des leviers pertinents. Ne pas utiliser ces forces serait une erreur, il y va de notre démocratie en général, de notre démocratie sanitaire en particulier de favoriser une participation active des usagers, et, notamment, de ceux qui connaissent ou ont connu une situation de fragilité ou d’exclusion sociale.

 

Les modes d’exercice des professionnels doivent également évoluer. Les patients en situation de vulnérabilité sociale sont des patients complexes. Il est nécessaire que les professionnels de santé ne s’en tiennent pas au seul aspect biomédical et prennent le temps d’analyser la trajectoire de ces patients qui cumulent des fragilités. L’enjeu est d’inventer un modèle de coordination entre une médecine standardisée et une pratique médicale personnalisée qui prend en compte l’environnement des personnes. Les permanences d’accès aux soins de santé, les réseaux santé-précarité, ou les coopérations entre des services hospitaliers et médico-sociaux, sont autant de dispositifs qui favorisent les soins coordonnés, une approche transversale et qui permettent de développer la recherche et la formation sur les questions de santé et vulnérabilités sociale. Nous devons nous appuyer sur ces fondations pour construire une offre de soins adaptée aux besoins du patient et conforme à notre exigence de solidarité.

Notre système de santé est à la veille de choix fondamentaux. Contrairement à ce qu’expriment certaines voix qui appellent à une plus forte marchandisation des soins, la santé ne sera jamais un bien comme les autres. Les bases historiques de notre système, les valeurs d’ouverture et de solidarité, font toujours sens et perdureront dans le monde de demain. La future Loi de santé ne doit pas oublier les plus fragiles. Plus que jamais, ces patients nous poussent aujourd’hui à nous mobiliser pour construire des réponses de soins solidaires … à hauteur d’Homme.

 

Médecins du monde appelle à un accès aux soins pour tous en Europe

Dans la perspective des élections européennes 2014, Médecins du monde (MDM) a publié ce mardi un rapport sur l’accès aux soins des plus précaires en Europe. L’association demande aux gouvernements nationaux et aux institutions européennes de garantir des systèmes de santé nationaux universels, solidaires et équitables, ouverts à toute personne vivant dans l’Union européenne.

« La crise économique et les mesures d’austérité prises par les gouvernements ont des effets néfastes sur la santé des populations », notamment les plus pauvres, les femmes et les enfants. L’ONG insiste en particulier sur la nécessité d’un « accès inconditionnel au suivi prénatal des femmes enceintes et aux vaccinations essentielles des enfants qui aujourd’hui ne sont pas toujours assurés ».

Plus de 16 000 patients dans 8 pays d’Europe

Le rapport s’appuie sur les données recueillies en 2013 au cours de 29 400 consultations menées dans ses centres d’accès aux soins destinés aux plus précaires, dans 25 villes de 8 pays européens (Allemagne, Belgique, Espagne, France, Grèce, Pays-Bas, Royaume-Uni, Suisse). Au cours de la période, 16 881 patients ont été accueillis.

Parmi les 285 femmes enceintes reçues, deux tiers (65,9 %) n’avaient pas eu accès aux soins prénataux avant de consulter et 42,8 % avaient été suivies trop tardivement. « Plus de 70 % d’entre elles nécessitaient des soins urgents ou assez urgents », souligne MDM.

Concernant les enfants, l’association déplore surtout l’insuffisance de la couverture vaccinale. Parmi les 1 703 ayant consulté l’un des centres MDM en 2013, « seul un mineur sur deux, au mieux, est vacciné contre le tétanos, l’hépatite B, la rougeole ou la coqueluche. Dans certains pays, ce taux est inférieur à 30 %, ce qui est bien en deçà des taux de couverture vaccinale de la population générale, qui se situent autour de 90 % », note l’association.

L’état des patients est « inquiétant » juge MDM et la situation est encore plus dure lorsque les patients sont sans autorisation de séjour européens ou extra-européens. L’association cite l’exemple de l’Espagne où « les immigrés adultes sans papiers ont été exclus des soins depuis le Décret-loi royal 16/2012, entré en vigueur en septembre 2012 ». D’une manière générale, le rapport constate que« les groupes déjà fragilisés avant la crise – ressortissants européens démunis, migrants sans papiers, demandeurs d’asile, usagers de drogues, travailleur(se)s du sexe et sans-abri – connaissent une réduction, voire une privation des éléments de sécurité et des réseaux qui leur assuraient une assistance de base ».

Évolution positive en France

Seules 2 % des personnes qui ont consulté citent la santé personnelle comme motif de migration, ce qui réfute « l’idée reçue que les mécanismes de protection
sociale représentent un facteur d’attraction pour les migrants »
, souligne l’association. Continuer la lecture

Philippines :De retour de mission, le docteur Manuel de Lara dresse un premier bilan.

Après la réponse à l’urgence, le programme de Médecins du Monde aux Philippines s’est orienté vers la réhabilitation de son système de santé.

Le docteur Manuel de Lara, coordinateur médical du Programme urgence de MdM, dresse un premier bilan.

 

http://www.youtube.com/watch?v=0qHHp-G7vlk&list=UUTCQjWrkWFtHhmA3YPOfijw