Lutter contre les préjugés sur les migrants .

Partir, un droit universel
Quitter son pays est un droit édicté par la Déclaration Universelle des droits de l’Homme.
Mais c’est aussi trop souvent une nécessité du fait des désordres du monde : guerres,
violation des droits fondamentaux, pauvreté extrême… Les hommes et les femmes qui
migrent affrontent avec courage les risques d’un voyage dangereux et les douleurs de
l’exil. Migrer demande des ressources et un minimum d’instruction : depuis les années
1990, la part de migrants qualifiés dans les flux internationaux a augmenté de 50%.
Un monde de sédentaires
Aujourd’hui, seulement 3,3% de la population mondiale ne réside pas dans son pays de
naissance. Ce taux est stable depuis 40 ans alors qu’au début du 20e siècle, un dixième
de la population vivait hors de son pays d’origine. S’il est vrai que les migrations vers les
pays occidentaux ont augmenté, elles restent minoritaires. Les migrations du Sud vers le
Nord représentent ainsi moins de 40% des migrations internationales.
Contrairement à une idée répandue les Africains représentent une part minime de ces
migrations. Seulement 3% d’entre eux vivent en dehors de leurs pays de naissance et
seulement 1% des Africains vivent en Europe !

La France n’est pas un pays d’immigration massive
Par rapport à d’autres pays occidentaux, la France n’est pas un pays d’immigration
massive. En 2008, les étrangers représentaient 8,4 % de sa population contre 13,7 %
pour les États-Unis ou 14,1 % pour l’Espagne. Alors que la France compte 5,2 millions
d’étrangers sur son territoire, ce sont près de 3 millions de Français qui actuellement
travaillent et vivent à l’étranger.

La régularisation des personnes en situation irrégulière, que l’on estime représenter
entre 0,3% et 0,6% de la population française, est souvent critiquée parce qu’elle
créerait un “appel d’air”, c’est-à-dire une incitation au départ pour d’autres migrants.
Or les politiques de lutte contre l’immigration ne peuvent véritablement ni encourager,
ni empêcher les migrations. Les migrants ne prennent pas la route en fonction des
politiques des pays d’accueil. Ce sont les situations politiques, économiques, sociales
ou écologiques des pays d’origine qui causent les départs.
Attention aux miroirs grossissants
Comment s’est donc diffusée dans notre société l’idée d’une arrivée massive de
migrants, si leur nombre n’a pas véritablement augmenté ? Continuer la lecture

Colloque organisé par Médecins du Monde, le 6 février à la MGEN (Paris 15e), intitulé « Quelle politique pour une santé plus égalitaire ? »

Médecins du Monde intervient en France dans 30 villes avec 103 programmes : 21 centres d’accueil, de soins et d’orientation, 1 centre de soins pour enfants à Mayotte, 81 actions mobiles (maraudes auprès de personnes se prostituant, de personnes SdF ou habitant en squats, de personnes Roms, d’usagers de drogues).

Les équipes terrain de Médecins du Monde sont particulièrement inquiètes des conséquences visibles de l’effritement du système de santé pour les plus vulnérables, pénalisés par la crise économique, exclus du soin. Les conditions de vie de ces populations en précarité et en logique de survie sont aggravées par une politique systématique de harcèlement et de stigmatisation. Des politiques qui rendent malades.

C’est pourquoi l’association Médecins du Monde compte porter des préoccupations de santé publique dans les débats démocratiques des prochains mois. A ce titre, Médecins du Monde organise avec la Chaire de santé publique de Sciences Po, l’EHESP et la SFSP un colloque le 6 février à la MGEN (Paris 15ème), intitulé « Quelle politique pour une santé plus égalitaire ? ». Un temps fort du débat public sur l’avenir de notre système de santé dont le programme est joint. Inscription obligatoire : http://www.sciencespo.fr/evenements…

Vous pouvez également retrouver les points forts du plaidoyer de Médecins du Monde sur notre site internet.

Hugo Tiffou
attaché auprès du Président
Médecins du Monde
t. 01 44 92 13 80 (f. 00 18)
62 rue Marcadet 75018 Paris
www.medecinsdumonde.org

Télécharger le(s) document(s) :


colloque ISS – 06 fev 12.pdf

 

Et si on faisait confiance aux étrangers?

A l’occasion de la journée internationale des migrants, ce 18 décembre, Christophe Adam et Brigitte Maitre, Médecins du Monde, rappellent que «la politique sécuritaire est un non sens en terme de santé publique. Un non sens éthique et économique».

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puceinvite.jpgEn octobre 1986, en pleine cohabitation, l’Etat français expulsait 101 Maliens, inaugurant la reconduite à la frontière comme le point phare et visible de sa politique de régulation de l’immigration, loin derrière l’aide au développement. Outil renforcé et légitimité par tous les gouvernements qui se sont succédé, de droite ou de gauche, sans pour autant modifier les flux migratoires. Dix ans après, l’évacuation de l’église Saint-Bernard, à Paris, occupée pendant deux mois par 210 Africains en grève de la faim, symbolisait l’impossibilité d’une lecture cohérente et d’un discours public vrai sur l’étranger, à l’origine de cette impasse et de sa conclusion violente.

Où en sommes-nous aujourd’hui ? Continuer la lecture

Vingt ans de « guerres justes »

L’intervention de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) en Libye, au début de l’année 2011, s’inscrit dans la lignée des actions militaires menées au nom des droits humains par la « communauté internationale ». Consacré à « ces guerres qu’on dit humanitaires », le dernier numéro de Manière de voir (1) invite à la prudence face au risque de banalisation de ce type de conflit. Existe-t-il un « usage moral de la violence » ? Peut-on parler de « guerres justes » ? Les articles, accompagnés de cartes, bibliographies, fiches thématiques et témoignages, reviennent sur les expériences des vingt dernières années et proposent de passer outre « le bel habillage militaro-humanitaire ». Continuer la lecture

Au-delà d’Aung San Suu Kyi…

Alors que le film de Luc Besson « The Lady » vient de sortir au cinéma, deux responsables de Médecins du Monde racontent la Birmanie moins connue du grand public, entre pauvreté, maladies et mobilisations locales.

Un an après la libération d’Aung San Suu Kyi et la tenue d’élections inaugurant  la « démocratie disciplinée » dirigée par un gouvernement civil et militaire, les observateurs restent divisés sur la signification des récents développements au Myanmar. Après 50 ans de règne autocratique, il s’agit bien de parler d’avancées devant les gestes d’ouverture en direction de l’opposition, la libération de prisonniers d’opinion et le retour de quelques dissidents exilés.

D’autres évolutions doivent être soulignées, comme la mise en place d’une commission des droits de l’Homme, la loi sur le travail autorisant la formation de syndicats et le droit de grève, ou l’assouplissement de la censure sur les médias. Ces nouveautés ont entrainé un été de rencontres soigneusement chorégraphiées de diplomates occidentaux et d’envoyés spéciaux, venant apprécier si cette transformation inaugurait de vrais changements politiques et économiques. La saison s’est conclue par la décision de confier en 2014 la présidence de l’ASEAN ( l’Association des nations de l’Asie du sud-est) à la Birmanie, consacrant ainsi le retour de l’ancien régime militaire sur la scène diplomatique régionale. Reste la menace qui plane sur le « pays merveilleux » d’une commission internationale d’enquêtes sur les crimes présumés contre l’humanité et crimes de guerre perpétrés en Birmanie. Continuer la lecture

Médias sociaux et collecte de fonds : le vrai faux problème !

Publié par Frédéric Bardeau le 28 novembre 2011 • Dans la catégorie Web-humanitaire •

« Il faut que tout change pour que rien ne change » : cette réplique fameuse du Guépard de Visconti s’applique bien aux changements apportés par Internet au sein de la plupart des associations et ONG traditionnelles. Ce canal, média, espace public – Internet – a révolutionné le commerce, l’industrie musicale et culturelle, les médias, la communication, l’information et est en passe de transformer en profondeur la politique… mais pour l’humanitaire ?

Rapide, international, interactif, dématérialisé, Internet et le Web ont pourtant tout pour remettre en cause et faire muter les associations, leurs programmes, leur action sur le terrain, leurs rapports avec les bénéficiaires, les bénévoles, les donateurs mais au lieu de cela les ONG l’utilisent comme un média de plus au service de leur communication et marginalement comme un moyen supplémentaire de collecter des fonds.

Au web 2.0, aux blogs, aux réseaux sociaux et aux « internautes », on demande de « se mobiliser » ou de « faire un don » pour des structures qui ne sont pas devenues plus transparentes, ni participatives, ni horizontales alors que désormais les technologies liées à Internet et aux mobiles le permettent et l’imposent.

S’il y a encore du chemin à faire pour imbriquer correctement le “online” dans la stratégie globale des organisations caritatives, c’est parce qu’Internet est encore l’objet de peurs, de fantasmes ou de jugements qui le placent soit en parent pauvre des investissements, notamment en comparaison des moyens alloués au marketing traditionnel (postal, téléphone et de rue), soit face à des attentes irrationnelles, notamment vis-à-vis des médias sociaux. Parce qu’ils sont basés sur la conversation et le dialogue, la transparence et l’ouverture, les liens interpersonnels et la force de la recommandation entre pairs, les médias sociaux développent naturellement la notoriété, la connaissance, la confiance et l’appétence. Continuer la lecture