Santé “Nous avons un système de santé solidaire qui est malade”

“Nous avons un système de santé solidaire qui est malade”

“Nous ne voulons plus de cette politique répressive qui rend malade”, insiste le Dr Jean-François Corty. (Photo MP)

Le Dr Jean-François Corty, directeur des missions France de Médecins du monde, est actuellement en visite à la Réunion. À la veille des élections présidentielles et législatives, il souhaite interpeller les élus sur la santé des plus précaires.

Qu’aimeriez-vous dire aux élus ?

Même s’il s’agit du deuxième sujet de préoccupation des Français, la santé n’est pas encore assez débattue dans les élections. On se représente que la France a le meilleur système de santé. Mais ce n’est pas parce que l’on a un bon plateau technique et d’excellents médecins que l’on peut bénéficier de cette prise en charge de qualité. Nous avons un système de santé solidaire qui est malade. C’est ce que l’on constate dans nos consultations (40 000 par an, ndlr) : 25% de nos patients vont consulter trop tardivement, 80% ont des droits ouverts dont ils ne peuvent profiter, deux tiers des enfants ne sont pas à jour des vaccinations les plus sommaires (DT Polio, rougeole…) et 68% des femmes enceintes ne sont pas suivies correctement. Ce n’est pas une vue de l’esprit. Nous avons des éléments objectifs issus du terrain. Continuer la lecture

Médecins du Monde alerte les candidats sur la santé des plus pauvres

Sabrina Bouarour – publié le 21/02/2012

Médecins du Monde a dévoilé ce matin sa campagne 2012 pour la présidentielle et les législatives afin d’interpeller les candidats sur la dégradation des conditions sanitaires pour les personnes en situation de précarité.

« Le système de santé français est aujourd’hui malade et ce sont les populations précaires qui en souffrent le plus ». Tel est le diagnostic du docteur Olivier Bernard, président de Médecins du Monde, qui lancera le 28 février une campagne pour interpeller les candidats à l’élection présidentielle sur  « la remise en cause d’un accès équitable au soin »

Les chiffres de la « détresse sanitaire » donnés par l’association sont sans appel : 80% des populations qui consultent l’ONG n’ont aucune couverture maladie, ¼ viennent se faire soigner trop tardivement, 68% des femmes enceintes n’ont pas accès aux soins prénataux et plus de la moitié présente un retard de suivi de grossesse. Quant aux enfants soignés,  2/3 d’entre eux ne sont pas suivis par une PMI et 2/3 des moins de 6 ans ne sont pas à jour dans leurs vaccinations.

L’ONG dénonce notamment les effets sur la santé publique des politiques répressives contre les plus pauvres. « Au-delà de la crise, un certain nombre de politiques stigmatisent certaines populations que l’on prend en charge », estime Olivier Bernard. Les usagers de drogue, les personnes se prostituant, les Roms et les populations sans domicile et sans papiers sont les premiers touchés.

« Régulièrement, le travail de vaccination et les traitements mis en place sont interrompus par les expulsions. On a souvent distribué du matériel de première nécessité qui a été réquisitionné par la police », explique Jean-François Corty, directeur des Missions France, qui observe une résurgence des « maladies de la pauvreté », comme la tuberculose. « Quand vous évacuez des squats régulièrement, quand vous mettez des gens à la rue, vous créez les conditions de dégradation de la santé mais aussi d’émergence de la maladie », constate-t-il. Continuer la lecture

L’enfer sur terre des drogués afghans

KABOUL – La température ne doit pas dépasser les – 5°C, pourtant l’homme gît sur la neige, immobile, bras et jambes nus. En état d’overdose, cet héroïnomane est sauvé in extremis par une équipe de Médecins du monde (MDM), qui tente d’adoucir l’enfer que vivent les drogués afghans.

La scène se déroule le long de la rivière Kaboul, à proximité du pont Pul-i-Sokhta, où se réunissaient jusqu’à peu les toxicomanes de la capitale afghane, qui y venaient par centaines. La police les en a chassés, condamnant ces victimes de la drogue à une vie d’errance, de désolation.

Beaucoup de personnes s’éteignent toujours près d’ici. Chaque matin, nous trouvons un ou deux cadavres, observe Abdul Raheem, de MDM. L’état général des hommes vus et interrogés par l’AFP laisse peu de doute quant à leur incapacité à survivre plusieurs rudes hivers afghans dans une telle indigence. Continuer la lecture

Afghanistan : Médecins du monde encourage les programmes de substitution à l’héroïne par la méthadone

Par RFI

L’Afghanistan, montré du doigt pour son rôle actif dans la production de drogue est aussi en passe de devenir l’un des principaux foyers de consommation d’héroïne. Plutôt que la répression et l’envoi forcé des toxicomanes dans des centres, Médecins du monde tente de démontrer aux autorités afghanes l’intérêt d’un programme de substitution par la méthadone.

[SOURCE]

Candidats aux présidentielles : n’ oubliez pas les exclus!

Les exclus de l’accès aux soins, oubliés de la campagne

Nul besoin de sondage pour savoir que la santé est l’un des sujets qui préoccupent le plus les Français. Et pourtant, ce thème est très rarement abordé dans les débats politiques. Alors que la France est entrée en campagne pour la présidentielle, l’analyse des prises de parole des principaux partis en lice pour les échéances électorales de 2012 fait peu de place à la santé, hormis sur les questions de financement de la sécurité sociale et de l’offre de soins.

A quelle raison imputer la relégation politique d’un thème qui passionne et inquiète autant les Français? A cette croyance longtemps entretenue – à l’intérieur comme à l’extérieur de ses frontières – que la France disposait du meilleur système de santé au monde? C’est en tout cas ce que se plaisait à affirmer, en 2000, un classement de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

De fait, on ne saurait nier que de réelles avancées en termes d’état de santé général ont été réalisées : ainsi, en un quart de siècle, les femmes et les hommes de 35 ans ont gagné respectivement 4,4 et 5 années d’espérance de vie. Mais au prix de quelles inégalités entre les catégories sociales? Aujourd’hui, une femme cadre de 35 ans peut espérer vivre 3 ans de plus en moyenne qu’une femme ouvrière du même âge. Un écart qui double pour les hommes.

Depuis 25 ans, Médecins du Monde a fait le choix en France de développer des programmes de soins et de prévention pour les personnes les plus fragiles et marginalisées au sein de notre société. Soigner les plus exclus et témoigner de leur état de santé: tels sont les deux objectifs que nous revendiquons. En 2011, la situation est préoccupante. Augmentation de 10% des consultations dans les centres de soin de Médecins du Monde, + 30% de mineurs entre 2008 et 2010 et seuls 23% des personnes que nous recevons ont un logement stable.

Pourtant des solutions existent. Lutter contre la machine inégalitaire n’est certes pas tâche aisée. Mais trois conditions sont au moins nécessaires :

  • Garantir un système de santé solidaire
  • Réaffirmer le primat des politiques de santé publique sur des politiques répressives
  • Renforcer les politiques de prévention

Dans les semaines à venir, nous allons continuer à témoigner au travers de situation concrète sur le terrain que l’état de santé des personnes les plus précaires est préoccupant, que l’accès aux soins se réduit, que de plus en plus d’entre nous renonce à se faire soigner pour des raisons financières, que la stigmatisation des populations Roms, des étrangers, des usagers de drogue sont autant de facteurs qui aggravent leur état de santé. Nous mettrons aussi en avant des solutions originales, expériences issues de notre pratique terrain depuis de nombreuses années auprès des personnes exclues.

Olivier Bernard et Pierre Salignon