Evacuation du bidonville rom du Samaritain à La Courneuve, le plus vieux de France

Le campement vivait, depuis le 15 août, sous la menace d’un démantèlement imminent : jeudi 27 août, l’expulsion des trois cents Roms qui l’occupaient a commencé. Deux unités de forces mobiles ont été déployées, a annoncé la préfecture de Seine-Saint-Denis, précisant que le diagnostic social, étape préalable obligatoire à toute expulsion, était « achevé ». Sur place, « l’ambiance est calme, on discute posément avec les occupants, ils savent qu’on ne fait qu’appliquer une décision de justice », a assuré un membre du cabinet du préfet.

Le bidonville du Samaritain, situé entre l’A86 et les voies du RER B dans la zone industrielle de La Courneuve, en Seine-Saint-Denis, existe depuis bientôt huit ans, ce qui en fait l’un des plus vieux du pays. La mairie communiste de La Courneuve en a demandé, dès 2013, l’expulsion. Il devait avoir disparu pour la conférence internationale sur le climat, qui se tiendra dans trois mois non loin, au Parc des expositions du Bourget.

Le bidonville faisait l’objet d’un conflit entre la municipalité et des associations présentes au Samaritain. L’ONG Médecins du monde et la Fondation Abbé-Pierre avaient proposé un plan de « sortie par le haut » du bidonville de la rue Pascal, avec relogement à la clé, en échelonnant l’évacuation du terrain communal sur trois ans. Un plan rejeté par la municipalité. Continuer la lecture

Grossesses non désirées : MDM renforce la lutte en synergie avec d’autres acteurs

Médecins du monde (MDM) France/ Burkina a organisé un atelier de concertation avec ses partenaires de mise en œuvre le 25 août 2015 à Loumbila. Cette rencontre vise à créer une synergie d’actions contre les grossesses non désirées.

Il n’y a pas de statistiques au niveau national sur les grossesses non désirées. Mais « certaines enquêtes nous indiquent que les grossesses non désirées constituent un phénomène surtout dans les milieux scolaires. Donc il est urgent d’agir avant qu’on ait des statistiques alarmantes », a indiqué Dr Philippe Zésouma Sanou de la direction de la santé de la famille.
C’est pourquoi Médecins du monde (MDM) renforce sa collaboration avec ses partenaires dans la lutte contre les grossesses non désirées. L’atelier de Loumbila vise à impliquer davantage ses partenaires dans une stratégie collective de plaidoyer pour une meilleure prise en compte des enjeux de la lutte contre les grossesses non désirées et les avortements clandestins. Continuer la lecture

Survivre dans la « Jungle » de Calais

L’encyclopédie en ligne Wikipédia dresse une répartition des Jungles à travers le monde: « Les jungles sont situées le long de l’équateur. La plus grande jungle se trouve en Amérique du Sud. Il y a également des jungles en Afrique et en Asie du Sud-Est (notamment en Malaisie et en Indonésie, mais également aux Philippines, au Cambodge, au Laos et au Viêt Nam) ».

Mais, qu’en est-il de celle de Calais? Vous savez bien, cette petite ville Française de quelque 75.000 habitants, à l’accent pour le moins sympathique, située en région Nord-Pas-de-Calais?

Aujourd’hui, en 2015, à Calais, la « Jungle » est une vaste zone de non-droit où s’entassent environ 3000 personnes en migration, hommes, femmes et enfants, dans le dénuement le plus total.

Vous entendrez par « dénuement » des conditions de vie déplorables, dégradantes, inhumaines…les adjectifs même viennent à me manquer!

Je tâcherai donc, de manière succincte, de vous dresser une liste (non-exhaustive) des principaux points, entendons par là des besoins non moins vitaux, susceptibles d’être améliorés:

  • Accès à la nourriture:

Un seul repas par jour distribué entre 17 et 19 heures, au centre Jules Ferry, un centre d’accueil de jour pour les personnes en migration située à proximité de la Jungle!

Une file d’attente (interminable) commence à se former à partir de 15 heures.

  • Accès à l’eau potable:

Quelques points d’eau répartis de façon éparse, ici et là, à travers la Jungle.

Un peu moins d’une trentaine de robinets pour une population, toujours en augmentation, estimée aujourd’hui à environ 3000 personnes!

  • Accès à un logement décent:

Les nouveaux arrivants, les plus démunis, dorment en plein air, à même le sol.

Ceux qui sont un peu plus chanceux ont réussi à se procurer une tente et s’y entassent à plusieurs. Comble du luxe, certains disposent d’un abri, faits de bouts de bois et de bâches! Il est important de rappeler le rôle déterminant des bénévoles de l’associationSecours Catholique, qui n’ont pas ménagé leurs efforts, ces dernières semaines, pour permettre à ces personnes en migration de mettre un toit au-dessus de leurs têtes.

Accès aux soins de santé: 
Un infirmier est présent, 2 heures par jour, 5 jours par semaine, au centre Jules Ferry. Pour les consultations médicales ou la délivrance de médicaments, les personnes en migration doivent alors se rendre à la Permanence d’Accès aux Soins de Santé (PASS) située à proximité de l’Hôpital de Calais, soit une longue et éprouvante marche de plus d’une heure. Depuis peu, l’association Médecins du Monde a implanté une clinique mobile au sein de la Jungle, permettant ainsi un accès plus aisé aux soins pour toutes ces personnes. Le fonctionnement de la clinique repose sur l’action conjointe de salariés de l’association mais également de médecins, infirmiers et médiateurs sanitaires bénévoles. Toutefois, le nombre de consultations proposées demeure insuffisant au vu des demandes de soins toujours plus nombreuses.

Le rôle de la PASS n’en demeure pas moins prépondérant. Continuer la lecture

Migrants de Calais : des moyens pour la sécurité, pas pour l’humanitaire

Les associations présentes dans la « new jungle » espéraient des mesures concrètes sur le volet humanitaire du plan franco-britannique. Elles ne cachent pas leur déception.

Au lendemain de la visite des ministres de l’Intérieur français et britannique Bernard Cazeneuve et Theresa May à Calais, le Haut-Commissaire de l’ONU pour les réfugiés s’est félicité du plan d’action commun établi « en réponse à la situation complexe ». Antonio Guterres « salue en particulier les mesures de protection et humanitaires annoncées ». Les ONG présentes dans le camp appelé « new jungle » se montrent beaucoup moins enthousiastes.

D’abord parce que le texte ne prend pas en compte la réalité de la situation dans le bidonville de Calais. Près de 3.000 migrants s’y entassent dans des conditions humaines et sanitaires désastreuses. Ces dernières semaines, entre 30 et 50 nouvelles personnes arrivent chaque jour.

Comme les passages pour l’Angleterre se font maintenant au compte-goutte, on s’attend à voir 4.000 personnes en septembre. Et l’hiver approche », s’alarme François de l’association L’Auberge des migrants.

« Je suis abasourdi par le cynisme de ces propositions », tempête de son côté le docteur Jean-François Corty, directeur des opérations France de Médecins du Monde. Continuer la lecture

Un collectif d’ONG dénonce la baisse de la contribution financière française à la santé mondiale

Le Collectif Santé 2015* accuse les autorités françaises d’opérer des coupes budgétaires dans le domaine de la santé mondiale. Le montant total de ces coupes s’élève à 80 millions en 2015, sur un budget annuel total dédié à la santé mondiale de 600 millions d’euros, soit près de 15 %.

Dans le détail, la contribution française au Fonds mondial de lutte contre le VIH/Sida, la tuberculose et le paludisme sera amputée de 40 millions d’euros pour 2015, calcule le Collectif. « 360 millions d’euros par an seront bien mis à disposition du Fonds mondial et la France entend rester un partenaire essentiel du Fonds », défend François Hollande dans une lettre datée du 6 juillet. Continuer la lecture

Le Royaume-Uni, « Eldorado des migrants » : vraiment ?

 

Malgré le danger et les drames, des dizaines de candidats au départ tentent leur chance chaque jour pour rejoindre le Royaume-Uni depuis Calais.

 

Dans la nuit de mardi à mercredi, un migrant soudanais est décédé, percuté par un camion alors qu’il tentait de rejoindre l’Angleterre depuis Calais. Il est le neuvième candidat au départ à perdre la vie en essayant de pénétrer dans le tunnel sous la Manche, en seulement deux mois.

Mercredi, c’était au tour d’un migrant égyptien d’être électrocuté après avoir tenté de monter à bord d’un Eurostar à la gare du Nord.

Alors que les drames se multiplient presque quotidiennement, la compagnie Eurotunnel a indiqué avoir recensé en moyenne 1.500 à 2.000 tentatives d’intrusion de migrants chaque nuit depuis le début de la semaine. Une situation intenable.

Alors, comment expliquer l’attraction qu’exerce encore le Royaume-Uni malgré le danger de la traversée ? Est-elle seulement justifiée ?

Langues, communautés : le Royaume-Uni reste le choix le plus évident

Cela peut paraître simpliste, mais le choix du Royaume-Uni obéit souvent en premier lieu à des raisons pratiques. Une grande partie des migrants qui tentent de rejoindre le pays sont issus de pays d’Afrique de l’Est et d’anciennes colonies britanniques comme la Somalie ou le Soudan. La langue anglaise est donc maîtrisée par les ressortissants de ces pays, qui optent alors logiquement pour le Royaume-Uni comme destination finale.

Ce choix s’explique aussi par l’existence sur place de communautés déjà très organisées. Contrairement à la France, le modèle communautaire prévaut et il peut être perçu par les migrants comme un système qui facilite leur intégration.

« Cela fait partir du ‘pack’ promis aux migrants par les passeurs », rappelle Pierre Henry, le directeur général de France terre d’asile. « Les migrants assimilent les communautés expatriées déjà sur place à une protection supplémentaire. Malheureusement, ils sont souvent confrontés à des systèmes mafieux qui exploitent leur vulnérabilité. »

Pour Jean-François Corty, directeur des missions France de Médecins du monde, l’impact des promesses des passeurs reste tout de même à relativiser :

La majorité des migrants sont jeunes et éduqués. Ils comprennent parfaitement leur situation et ce n’est pas le discours des passeurs qui les motivent. Si certains sont prêts à mourir pour passer la Manche, c’est parce qu’ils n’ont plus le choix et que leurs conditions de vie dans la région de Calais sont déplorables ».

Le marché du travail britannique agit comme un aimant Continuer la lecture