Campagne : pourquoi la réalité ne nous touche-t-elle que lorsqu’elle prend la forme d’une fiction ?

En Belgique mais pas que, ici aussi.

En 2014, la pauvreté dans la rue capte trop peu notre regard. Nous ignorons souvent la présence des plus démunis. Ce n’est que quand des films sont tournés, des livres ou des pièces de théâtre sont écrites que les histoires tragiques attirent l’attention. Médecins du Monde s’est basé sur ce phénomène pour lancer aujourd’hui une campagne qui sera diffusée dans tout le pays.

Dans la rue, une femme a urgemment besoin d’assistance médicale. Des passants la croisent sans la regarder. Mais dès qu’un plateau de cinéma est monté autour d’elle (avec caméras, lumières et la présence du célèbre réalisateur Jan Verheyen), quelque chose d’étrange se produit : les gens s’avancent silencieusement vers cette femme. Ils sont curieux et s’intéressent à elle. Surgit alors cette question: pourquoi la réalité ne nous touche-t-elle que lorsqu’elle prend la forme d’une fiction?

Le but de ce film est de donner un visage aux milliers de personnes vulnérables en Belgique n’ayant pas accès aux soins médicaux,” explique Stéphane Heymans, coordinateur des projets belges de Médecins du Monde. Dès aujourd’hui, la campagne devient virale. La femme que l’on voit dans le film est une actrice, par contre les réactions des passants sont bel et bien réelles. Un message identique est diffusé à la radio, avec la participation de trois célébrités (Deborah François – Comédienne, Thomas Gunzig – Ecrivain et chroniqueur, Alain Berliner – Réalisateur, à écouter ci-dessous).

Un paradoxe croissant

Qu’il s’agisse de personnes en situation de précarité, de sans-papiers, de personnes sans couverture médicale, d’usagers de drogue, de sans-abris ou de travailleurs du sexe, dans notre pays, les plus vulnérables ont de grandes difficultés à accéder à des soins, alors que ce sont eux qui en ont le plus besoin. Parmi eux, 4 personnes sur 5 déclarent être en (très) mauvaise santé mais 67% n’ont pas accès aux soins.

Autre tendance inquiétante: le Belge « moyen » tarde de plus en plus à se rendre chez le médecin. En 1997, un Belge assuré sur 10 repoussait une consultation médicale pour des raisons financières. Aujourd’hui, c’est le cas d’une personne sur 7. Ce chiffre augmente dans les groupes les plus vulnérables: 40% des chômeurs, des personnes ayant un revenu modeste ou un revenu minimum se sont déjà trouvé dans l’obligation de postposer des soins médicaux.

C’est pourquoi Médecins du Monde plaide auprès des autorités fédérales, régionales et communales pour une assurance médicale universelle et un accès plus aisé aux soins de santé. C’est seulement ainsi que les plus vulnérables, telle l’heroïne de notre film, seront aidés et non exclus. 

Marseille : la « carte SDF » ne passe pas

La carte de secours au « triangle jaune » introduite par le Samu social auprès des sans-abris de la ville de Marseille a soulevé un tollé. Explications.

Un étrange écusson sur la poitrine, une centaine de personnes était réunie le 3 décembre au matin, devant l’Hôtel de ville de Marseille pour dénoncer une mesure que les plus tendres qualifient de maladroite. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que la distribution de l’objet incriminé a été suspendue depuis huit jours.

Méry : « Je n’ai pas pris de décret »

C’es en tous cas ce qu’a annoncé Xavier Méry, adjoint UMP à l’intégration et à la lutte contre l’exclusion, concèdant « une maladresse ». « Ce qui me choque, c’est le rapprochement que l’on fait avec des parties sombres de notre Histoire. Je n’ai pas pris de décret municipal pour obliger tous les sans domicile fixe à porter cette carte… »
De quoi s’agit-il ? D’une carte dont l’idée a germé dans les têtes du personnel du Samu Social de la ville de Marseille. Une carte comportant des éléments permettant d’identifier rapidement un SDF : nom, prénom, n° de téléphone, personne à prévenir, n° de sécurité sociale, allergies, pathologies… Depuis sa mise en service, jusqu’à sa suspension, la carte a été distribuée à une centaine de SDF dans Marseille. La ville en compterait près de 1500.
« Ce n’est pas pour nous, nous connaissons les sans abris par leur prénom, c’est plus à destination des pompiers, par exemple…», explique René Giancarli, directeur du Samu social qui a déjà distribué ce sésame à une centaine de SDF.
Si la démarche peut paraître louable, puisqu’elle vise à faciliter l’accès aux soins pour les sans-abris, elle soulève de grosses réserves.

Un triangle jaune stigmatisant

Dans sa forme, stigmatisante, d’abord. Car cette carte, matérialisée sur son recto par un « triangle jaune », n’est pas sans rappeler une multitude de symboles utilisés au cours de l’Histoire pour mettre à l’index différentes populations. Continuer la lecture

Manifestation contre une «carte santé» distribuée aux SDF à Marseille

 

Distribué par le Samu social, le badge, censé être porté de manière visible, comprend les noms, numéros de sécurité sociale et pathologies des personnes sans abris, assurent les associatifs. Marisol Touraine s’est elle aussi insurgée contre ce dispositif.

 

Une centaine de personnes, issues pour la plupart du monde associatif, se sont rassemblées mercredi devant l’hôtel de ville de Marseille pour protester contre une «carte de secours» destinée aux sans-abris de la ville, une source de discrimination selon elles.

Sur ce badge – qui porte sur son recto un grand triangle jaune et est censée être portée de manière visible – doivent être inscrits le nom, le prénom et le numéro de sécurité sociale de la personne qui le porte, ainsi que ses maladies chroniques, selon le collectif «Le jugement dernier», à l’origine de la manifestation.

«Il y a un problème de confidentialité, de stigmatisation, cela va à l’encontre de tout le travail de rue que l’on fait», a dénoncé auprès de l’AFP Raymond Negren, responsable de la mission de rue de Médecins du Monde à Marseille.

[http://www.liberation.fr/societe/2014/12/03/manifestation-contre-une-carte-sante-distribuee-aux-sdf-a-marseille_1155978]

 

Les précaires ont toujours des difficultés pour se soigner

le parisien

En France, la part des personnes en situation de précarité – elles sont plus de 3 millions selon l’Insee – et les inégalités sociales de santé restent importantes, selon l’étude que « Médecins du monde » vient de faire sur ses activités dans l’Hexagone. Ses structures de l’association réservées à ce public ne désemplissent pas.

CHIFFRES STABLES DEPUIS 2008

En 2013, 29 960 personnes se sont rendues dans les Centres d’accueil de soins et d’orientation de l’association. Plus de 30 000 contacts auprès des publics en situation de grande précarité (personnes vivant à la rue, en squat ou dans des bidonvilles, personnes se prostituant, usagers de drogues, migrants en transit…) ont été réalisés dans le cadre des actions mobiles envers les plus exclus.

http://www.la-croix.com/Solidarite/En-France/Les-precaires-ont-toujours-des-difficultes-pour-se-soigner-2014-10-16-1250115

La «précarité» les yeux dans les yeux

A l’occasion de la journée mondiale du refus de la misère le 17 octobre et de la publication de son rapport annuel sur l’accès aux soins des plus démunis en France, Médecins du monde présente jusqu’au 19 octobre une exposition monumentale sur le Parvis de l’Hôtel de Ville de Paris. L’installation de douze structures de 6 m de haut par 3 m de large donne à voir en grand format les différents visages de la pauvreté et de l’exclusion. Le photographe portraitiste Denis Rouvre, 47 ans, qui vit et travaille à Bagnolet tout en sillonnant le monde, récompensé par des prix prestigieux dont le World Press Photo à plusieurs reprises, pose son regard sur ceux qu’il nomme lui-même les «figures héroïques» de nos temps modernes. Alex, Armelle, Nadjat, Marco, Jean-Michel, Constantin nous regardent. Inutile donc de détourner le regard pour éviter le face-à-face avec ces anonymes qui ont accepté de se faire les ambassadeurs de tous ceux qui partagent leur sort. Des visages qui en disent long, qui portent les marques de leur lutte quotidienne contre la misère. Avec cette expo que l’on ne peut rater, Médecins du monde veut simplement «que l’on ne puisse plus dire : « Je ne savais pas, je n’ai rien vu »».

Marie-Christine VERNAY Libération

Sans-abri: la menace de certaines associations

Plusieurs associations qui viennent en aide aux mal-logés et aux sans-abri ont menacé aujourd’hui le gouvernement de ne pas participer aux plans hivernaux qui vont être déployés pour mettre à l’abri les SDF en périodes de froid.

Réunies devant la presse près de l’Assemblée nationale pour dénoncer le projet de loi de finance 2015, qui selon elles marque « un abandon du gouvernement » en matière de mal-logement, 34 associations, ont fait part de « leur colère profonde » et ont « lancé une alerte » au gouvernement et aux parlementaires.

« Il n’y a dans le projet de loi de finance aucune mesure susceptible d’infléchir la situation catastrophique des 140.000 sans-abri et des 3,5 millions de mal-logés », a déclaré Florent Gueguen, délégué général de la Fédération nationale des associations de réinsertion sociale (Fnars) et porte-parole du collectif qui compte également Emmaüs, la Fondation Abbé Pierre, Médecins du Monde ou encore le Secours catholique. Continuer la lecture