Archives de catégorie : Là-bas
Libye: l’alibi humanitaire cache la désunion de l’UE
Pour Jérôme Larché, la confusion entre les humanitaires et l’instrumentalisation politique du terme constitue une menace pour les programmes d’assistance.
Et si le conflit libyen durait? Telle est notamment la crainte de Gérard Longuet, le Ministre français de la Défense, alors même que la légitimité de Kadhafi est en pleine érosion aux yeux de ses concitoyens comme de l’opinion internationale. Cet enlisement, dû en partie à la précarité organisationnelle des rebelles libyens comme à la volonté guerrière des forces pro-Kadhafi, est en train de se cristalliser dans les combats de guérilla urbaine qui se déroulent actuellement à Misrata. Cette « ville-martyre » a déjà vu le déplacement de plusieurs milliers de personnes, et les victimes des armes à sous-munition sont confirmées par de nombreuses sources médicales.
Dans ce contexte, l’aide humanitaire est difficile de mettre en œuvre. Mais elle s’organise pour fournir une assistance impartiale aux populations civiles victimes du conflit, et vivant dans des conditions précaires.
Entre logique administrative et soin, le choc des temporalités
Le Sénat a adopté, en deuxième lecture, mercredi 13 avril, le projet de loi relatif à l’immigration, à l’intégration et à la nationalité en restreignant davantage encore l’accès au soin des étrangers malade. Dans une interview, Pierre Micheletti, délégué régional de Médecins du Monde en Rhône-Alpes explique combien la confrontation des procédures administratives avec les nécessités de soins entrent dans un « choc de temporalité ».
Pierre Salignon, Directeur Général à l’action humanitaire pour Médecins du monde
Par Christine Muratet
« Faute d’un dialogue continu et transparent, il y a une défiance qui s’installe entre les ONG et l’Etat français. A la fois sur la protection de nos représentants sur le terrain, et sur les questions touchant à l’accès aux populations. Il y a nécessité d’une discussion urgente. »
SANTÉ DES FEMMES : MÉDECINS DU MONDE TIRE LA SONNETTE D’ALARME
Des limousines-ambulances pour transporter médecins et brancards, des vitrines blindées où s’exposent des médicaments, des « cartes vitales Gold » : la place du Palais Royal à Paris a été revisitée ce matin par Médecins du Monde. L’idée ? Alerter l’opinion et faire entendre aux politiques que « la santé n’est pas un luxe ». L’association tire la sonnette d’alarme et rappelle que les inégalités de santé s’aggravent dans le monde. Selon l’OMS, chaque année, plus de dix millions d’individus basculent ainsi dans la pauvreté suite à des dépenses de santé trop lourdes. En France, ils sont nombreux à renoncer aux soins. Les femmes ne sont pas épargnées.
Sans papiers et malades, ils s’en remettent à une association humanitaire
De Pauline TALAGRAND (AFP) – Il y a 1 jour
LA PLAINE SAINT-DENIS (Seine-Saint-Denis) — Prise de violents maux de ventre, Nicoleta pousse la porte du dispensaire de Médecins du monde à la Plaine-Saint-Denis, « sûre qu’on l’aidera ». Aller chez un médecin en ville, cette Roumaine sans-papiers n’y pense même pas.
Âgée de 30 ans, Nicoleta vit dans un camp à quelques kilomètres du centre d’accueil et de soins de l’association humanitaire situé Seine-Saint-Denis. Comme elle, d’autres personnes sans couverture médicale, ont fait la queue très tôt pour pouvoir consulter un docteur.
Une vingtaine de créneaux sont disponibles chaque jour pour une demande de plus en plus forte, alors les malades, qui s’échangent cette adresse de bouche à oreille, se bousculent pour mettre leurs noms sur la liste à l’entrée.
Selon les derniers chiffres disponibles, plus de 11.000 personnes se sont rendues dans ce centre, en 2009.
Après auscultation, le docteur Jeanine Rochefort diagnostique une colopathie fonctionnelle, un trouble digestif lié à l’anxiété. « Votre vie est difficile. On va vous donner des médicaments », explique à la jeune femme la traductrice, venue en renfort.
« Les consultations sont proches de celles rencontrées en médecine de ville. Pour ces personnes qui vivent dans une extrême pauvreté, leurs petites pathologies peuvent vite s’aggraver. Les traiter aujourd’hui, c’est éviter qu’elles arrivent dans un état grave aux urgences », explique Mme Rochefort.
Emblématique d’une grande précarité, la Seine-Saint-Denis détient le record de la mortalité infantile avec 5,4 cas pour 1.000 naissances, contre 3,6 en France, ainsi que celui de la tuberculose et du diabète, alors que le nombre des médecins de ville s’étiole.
« Je suis arrivé dans un sale état et ils m’ont sauvé la vie. Ici, j’ai confiance », raconte Pierre, un Congolais de 65 ans au visage fatigué. Lui souffre de diabète, d’insuffisance rénale et d’hépatite. Malgré un rendez-vous à l’hôpital, il a tenu à revenir au centre pour renouveler son traitement qu’il a dû interrompre plusieurs jours faute de médicaments.
Pour bénéficier de l’aide médicale de l’Etat (AME), Pierre doit prouver qu’il est en France depuis plus de trois mois et qu’il dispose de moins de 634 euros mensuels. Depuis le 1er mars, il doit s’acquitter de 30 euros de frais d’entrée.
Grâce aux bénévoles qui l’ont domicilié au centre, il a fait la demande mais il n’aura cette aide qu’à partir de début mai. En attendant, il retourne auprès du docteur Rochefort.
« Une majorité ne revient pas car ils ont obtenu l’AME. Nous essayons de les orienter vers les permanences d’accès aux soins des hôpitaux (Pass) car sinon nous serions très vite débordés », estime Mme Rochefort