Pierre Micheletti est médecin de santé publique, professeur associé à l’IEP de Grenoble.Ancien directeur des programmes et président de Médecins du Monde France, il a notamment publié Humanitaire, s’adapter ou renoncer, chez Hachette en 2008.
Il est le co-auteur de AFGHANISTAN, gagner les cœurs et les esprits, un livre qu’il a dirigé et qui est coédité par RFI et les Presses universitaires de Grenoble.
Archives de catégorie : Là-bas
Les Roms évacués à Saint-Denis « forcés » de monter dans tramway puis RER
(AFP) – il y a 1 heure
PARIS — Les Roms évacués mercredi d’un campement à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) ont été « forcés » de monter dans un tramway puis dans le RER, a affirmé vendredi Médecins du Monde (MdM) rapportant des témoignages de personnes visées par l’expulsion.
« On était forcés (…), on était désespérés, à chaque fois embarqués dans d’autres trains », raconte à l’AFP Calin, un homme de 28 ans, un des Roms évacués du terrain de Saint-Denis. Pour ce père de deux enfants, qui n’a pas souhaité donner son nom, le trajet a duré environ 3 heures.Il se trouve désormais, avec une trentaine d’autres Roms, dont de nombreux enfants, au pied du périphérique parisien, a constaté une journaliste de l’AFP. A la suite de l’évacuation du campement de Saint-Denis, ils ont été délogés à deux reprises, à Aubervilliers puis Paris. »Certains racontent que dans un premier temps, après leur expulsion, ils ont dû monter par groupes de 10 dans un tramway surveillé par deux CRS », raconte Livia Otal, coordinatrice de la mission Rom de Médecins du Monde, qui traduit les propos des Roms expulsés.
« Puis la RATP a mis à disposition une rame entière, surveillée par des CRS », ajoute Mme Otal. « Une fois au terminus à Noisy-le-Sec, les CRS les ont dirigés vers le RER », dit-elle. Elle rapporte que les CRS les auraient empêchés de descendre à leur guise du RER. Continuer la lecture
Le cercle infernal de la guerre et de la famine en Somalie
Par Bernard Juan, membre de Médecins du monde
Article paru dans le monde du 07.08.11
Plus de vingt ans d’horreurs, de faim, de massacres, d’épidémies, d’ignorance, d’arbitraire, de viols, de mort, d’argent sale ; bref, la guerre si elle dure ce n’est pas que les Somaliens s’y complaisent, mais que des forces antagonistes ont des intérêts convergents à ce qu’elle dure.
La fabrication et la vente d’armes sont presque un business comme un autre dans un monde de libre-échange, où la liberté concerne en réalité les biens et rarement les personnes. Les Somaliens le vivent au quotidien. Ce peuple est alimenté dans ses conflits par des forces extérieures et enfermé dans ses frontières où seuls les plus aisés et chanceux échappent à cette prison à ciel ouvert pour aller dans une autre geôle juste de l’autre coté de la frontière : les camps de réfugiés au Kenya, au Yémen ou en Ethiopie. Dans ces camps où les politiques font spectacle de leur compassion, où les humanitaires soignent ceux qui ont eu les moyens et la force de fuir le conflit somalien.
Les médias nous montrent l’horreur de ces camps, mais ce n’est que l’écume d’une mer que personne ne peut plus voir. Le sud de la Somalie est un endroit où la mort est certaine, moins par le manque récurrent de nourriture que par l’accord tacite entre tous de gérer le conflit plutôt que d’y mettre fin, une routine, depuis des années.
Il est révoltant qu’un phénomène constant apparaisse tout d’un coup comme un événement nouveau, demandant une mobilisation en urgence pour soigner les symptômes, mais jamais les causes réelles et profondes de cette horreur qui ne trouble les pays riches que sporadiquement.
Les Roms sont d’abord des Européens migrants
La présence des familles roms à Marseille date du début des années 2000. Il fallut attendre l’année deux mille cinq pour que, sous la pression des associations et des riverains, les pouvoirs publics commencent à s’émouvoir. Les premières réactions furent plaintives comme : « Pourquoi diable sont-ils venus ? », ou craintives comme : « Surtout ne rien faire qui puisse provoquer un appel d’air ! »
Dans le piège humanitaire somalien
Depuis quelques jours, la Somalie fait un retour remarqué à la une des médias. Selon de nombreux observateurs (ONG, agences des Nations Unies, journalistes), plusieurs zones du pays sont désormais ravagées par une terrible crise alimentaire, sans précédent depuis vingt ans. Les Nations Unies n’hésitent plus à parler de «famine» dans le Sud somalien. L’alerte est relayée par les humanitaires présents en Somalie, mais aussi au Kenya et en Ethiopie, où plusieurs milliers de réfugiés arrivent chaque jour complètement démunis et épuisés.
Logement : Monsieur le Président, où sont passées vos promesses ?
Charleville-Mézières, décembre 2006. Nicolas Sarkozy lance en pleine campagne présidentielle : « Je veux que d’ici à deux ans, plus personne ne soit obligé de dormir sur le trottoir. Parce que le droit à l’hébergement, c’est une obligation humaine ».
Paris, juillet 2011. Des centaines de familles sont contraintes de trouver refuge dans les services d’urgence des hôpitaux déjà débordés. Xavier Emmanuelli, fondateur du Samu social, jette l’éponge après 18 ans de service.
Le constat est amer. Le nombre de mal-logés, de sans-abris ne fait qu’augmenter. Seule une volonté politique déterminée permet de vaincre la misère sociale. La France a-t-elle baissé les bras ? Que répondre aux trois millions et demi de mal-logés ? Au plus de 100.000 personnes qui vivent « dans la rue » ou passent de foyers en chambres d’hôtel ?
Monsieur le Président, où sont vos promesses ? Continuer la lecture