Compte rendu de la journée des donateurs du 5 avril 2014
Dans un monde en évolution constante, Médecins du Monde cherche à définir « l’humanitaire autrement en l’adaptant aux divers contextes et enjeux des scènes françaises et internationales. Tel fut le fil rouge de la journée des donateurs de ce samedi 5 avril 2014.
« Ce qu’on fait pour moi et sans moi, on le fait contre moi ». La phrase de Mandela, reprise par les participants, illustre les points forts de l’engagement de l’association : partenariat, collaboration et, aussi et surtout, formation.
L’accent fut mis sur l’importance de ne pas faire « à la place de » induisant ainsi la nécessité de formation et de co-entreprise avec les acteurs locaux dans la mise en place des diverses actions.
La réunion fut l’occasion d’insister sur l’importance des donateurs comme véritables partenaires dans le cadre de ces objectifs. Bien plus qu’un partenaire financier, le donateur est un véritable co-acteur. Il est l’incontournable moteur de l’indépendance financière, véritable source de liberté dans la prise de parole et la mise en œuvre des actions. Vis à vis de lui, de ce partenaire d’opinion, l’objectif de Médecins du Monde est là aussi d’agir « autrement ».
Au cours de la réunion, deux grandes interrogations sont apparues :
Comment évolue l’humanitaire ?
Mais, aussi et surtout, comment Médecins du Monde se positionne dans ce champ humanitaire ?
Une succession d’intervenants nous a donc offert une après-midi des plus enrichissantes, chacun complétant et affinant le discours de l’autre.
Françoise Sivignon, vice-présidente de l’association, a introduit la réunion en présentant un bilan récent des actions de l’association.
En France, face à des menaces quotidiennes contre les exclus et les plus précaires, les actions de l’association se multiplient.
En Europe, la lutte contre la xénophobie et le repli sur soi devient un des axes majeurs de l’action de Médecins du Monde, notamment en Grèce où la crise engendre de lourdes conséquences sur la population.
Quant à l’international, l’accent est mis sur la situation en Syrie qui a subi « trois ans de guerre et d’horreurs » à Bangui où l’accès aux populations est des plus difficiles mais qui a aussi débouché sur la création d’alliances avec les ONG du Sud.
Puis, Olivier Lebel, nouveau directeur général de Médecins du Monde a pris la parole, soumettant d’emblée une question à l’assemblée : MDM peut-elle sauver le monde ? Définissant l’ONG comme une association bien gérée, forte de bénévoles engagés et motivés, il a fini par donner une réponse simple à sa question : l’organisation n’est pas là pour sauver le Monde, mais bien pour contribuer à le changer.
Avec un accent mis sur l’importance de former les populations locales, le directeur général a réaffirmé la volonté de l’association d’accompagner le changement social, en étant « ici et là-bas ».
Olivier Péray, a rappelé le rôle du comité des donateurs, comité dont il assure la présidence. Médecins du Monde est en effet l’une des très rares ONG disposant d’un comité indépendant, révélateur du désir de l’organisation de faire participer les donateurs, de leur donner la parole. Le comité permet de veiller à la conformité des actions engagées avec les valeurs affichées de Médecins du Monde au travers de son rôle de lanceur d’alertes.
Le comité a plus de 20ans. L’objectif initial de l’association de se doter d’un tel organisme était de témoigner, de communiquer avec les donateurs dans la plus grande transparence, établissant des rapports directs entre les donateurs et l’association. Il se compose à ce jour d’une douzaine de membres, de bénévoles ne faisant partie ni de l’association ni du corps de santé. Le comité observe les activités des Médecins du Monde et les analyse selon le principe de la « critique bienveillante », c’est à dire d’une bienveillance qui n’exclut pas la critique.
Le comité veille à ce que le point de vue qui s’y exprime, à travers ses travaux et interventions, soit celui du donateur. Aussi s’abstient-il de toute éthique ou idéologie personnelle.
Le président du comité a rappelé que celui-ci se rend sur le terrain 3 à 4 fois par an. Récemment, le comité s’est déplacé en France (Angoulême, Bordeaux) mais aussi à l’international comme en République Démocratique du Congo, ou en Géorgie visitant des missions consacrées aux violences faites aux femmes, à la lutte contre le VIH ou aux problèmes de toxicomanie. Ses missions font l’objet de rapports précis que l’on trouve sur le site Internet de Médecins du Monde ou encore sur le blog du comité : www.journeedonateursmdm.org
Le mandat des membres de ce comité ne dure que 6 ans. Il offre à ses participants un enrichissement humain considérable. Olivier Péray a donc insisté sur la nécessité de renouvellement des membres et a invité les personnes présentes à le rejoindre.
« Du soin au changement social », Olivier Bernard, ancien président de Médecins du Monde a brossé l’image d’un humanitaire en mutation. Il a retracé ainsi les 35 ans de cette ONG, une histoire qui a suivi trois mots d’ordre: témoigner, dire et ne pas se taire.
L’histoire nous a appris que le silence est néfaste, les méandres de la seconde guerre mondiale ont conduit à un traumatisme massif fondé sur le silence.
C’est la guerre du Vietnam qui fonde l’apparition de MDM avec une phrase mise en évidence : « Il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises victimes » ; cette phrase peut paraître simpliste mais demeure un élément central à Médecins Du Monde.
Avec le génocide au Rwanda et la Bosnie, l’année 1994 incarne un tournant dans l’ humanitaire qui prend dès lors un essor considérable.
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